Cénoses [Cénologie]
Cette recherche représente le cœur même de mon travail, et en quelque sorte, son origine. En ce sens, elle pourrait être considérée comme un véritable travail de thèse de doctorat.
Je suis trop vieux et trop perclus de mauvaises habitudes, aujourd’hui, pour me présenter devant un jury et soutenir une thèse. J’ai toutefois pris le risque de publier, dans des revues dites scientifiques, trois gros morceaux de ce travail.
J’ajoute que, dans l’état actuel de l’université ou de la recherche, meurtrie des blessures infligées par le néolibéralisme, une telle recherche n’aurait sans doute pas été possible. Des trois revues scientifiques, deux sont gratuites et, en quelque sorte, « amateur(es ?) » (même si leur validité scientifique n’est pas à démontrer) et échappent au radar du cartel des grands éditeurs JStor-Elsevier-Wiley ; la troisième a pris la décision de rendre ses articles gratuitement accessibles, avec la contrepartie que c’est l’auteur lui-même qui paye sa publication ; si elle est dotée d’un comité éditorial solide et d’une relecture à l’aveugle par les pairs anonymes, on conçoit que la démarche puisse être questionnée.
C’est le quotidien des chercheurs. Aujourd’hui, sans les ressources déclarées illégales d’accès aux fichiers, aucune production indépendante ne serait possible. Je ne vois pas comment sortir de ces impasses. La principale conséquence est de jeter le doute sur l’entièreté de la production scientifique contemporaine.
Parties
On peut éventuellement lire le texte coécrit avec Emmanuel Catteau, Sciences naturelles = sciences humaines ? comme la prémisse idéale à cette recherche. Il est publié dans Carnets botaniques n°71, fin 2021.
S’ensuivit, toujours en 2021, un texte théorique que j’ai dû couper pas mal pour des raisons éditoriales, et qui a deux objectifs : 1. définir une bonne fois la cénose ; 2. souligner que l’écologie est la science des cénoses. Ce sera, en anglais, Que sont nos cénoses devenues ? publiées sous sous le titre What has become of our cenosis?, dans Plant Sociology n°58/2.
Enfin, pour un aspect plus concret (et beaucoup moins lisible, par conséquent), je publie tout début 2022, dans Folia conchyliologica n°64 des Éléments pour la description des communautés animales ; application aux malacocénoses, suivi du premier Synopsis d’un prodrome des malacocénoses de France et d’Europe ; à ces deux articles s’additionnent une Note pour l’établissement de relevés malacocénotiques et surtout un fichier numérique qui permet la reconnaissance et la saisie des malacocénoses, Malacobase.
Ces travaux sont disponibles en téléchargement ci-dessous.
Intention et apports théoriques
Ce que je propose est une interprétation de la réalité qui vient nourrir la validité des concepts de cénose et de synusie. Il s’inscrit nécessairement dans une histoire de l’écologie, qui aujourd’hui, comme science, a occulté ces origines biogéographiques. C’est l’aspect auquel je m’attendais le moins, une plongée dans les textes théoriques de l’écologie balbutiante. Extrêmement instructive, elle a nottament permis de vérifier que les idées étaient déjà là, d’une part, mais qu’il n’y a pas de fatalité épistémologique !
Nécessairement également, des ajustements sont nécessaires sinon à la méthode phytosociologique, du moins à sa transposition aux communautés animales.
Les conséquences viennent en outre toucher la conception de l’habitat lui-même et de l’écosystème (condamné, malgré sa gloire, pour des raisons épistémologiques), auquel je substitue le concept original de biocène/bioèce, venant provoquer les habitudes de la symphytosociologie. C’est un pas obligé pour permettre l’intégration de la cénose, entre l’espèce et le paysage, qui forment les trois domaines de l’écologie (autoécologie, cénologie, choréologie/topiologie). Sur ce point voir la section choréologique dédiée.
Cette reconsidération biogéographique a également nécessité de poser le concept de saut quantique (et donc de la gigognité du milieu au sens de Berque), ainsi que de hasarder une définition synthétique du vivant : un dedans-dehors en relation à un dehors-dedans, c’est-à-dire un être impossible (impossible à définir, impossible à expliquer, impossible à comprendre), qui est une rupture, une crevaison, une hernie dans le réel.
Limites
Je ne manquerai pas de recevoir de nombreuses critiques de la part de la communauté scientifique, j’en suis conscient.
Comme contribution personnelle, je ne cherche pas l’accord ou le consensus[1]En l’occurrence, je rechigne, dans ces textes théoriques, à appliquer les séquences parfois artificielles Méthode/Résultat/Discussion, qui vient figer un peu plus les idées déjà plus … Continue reading.
D’abord les phytosociologues verront d’un mauvais œil la légèreté avec laquelle je remets en question certains points théoriques ; or la phytosociologie est elle-même fort décriée, et de nombreux botaniste ou naturalistes ne lui accordent que peu d’attention voire de crédit. Peut-être est-il possible, en époussetant un peu sa méthode, de la rendre plus attractive, sinon partagée ? En l’occurrence, je pense qu’il faut concentrer les efforts de description sur le rang de l’alliance, qu’il faut en finir avec la succession figée KOVA (Classe-Ordre-Alliance-Association), mais qu’autant de rangs que nécessaires sont possibles selon le clade considérée, qu’enfin un rang supérieur doit, lui-être, nettement défini (pour l’instant j’ai choisi la Division, mais les données et travaux dans les autres groupes animaux et autres manquent), interface 1 entre la cénose et le biome 2. entre les cénoses d’embranchement (ou plus ?) (mollusques – insectes, etc.) entre elles pour former le biocène.
Les zoologues seront décontenancés par l’approche cénologique, qui perdu toute vitalité dans les années 70-80. Eux et parmi eux les malacologues ne saisissent pas toujours l’intérêt de donner des noms latins à des groupements pas toujours visibles sur le terrain. Je conçois ces difficultés. C’est que le projet doit encore s’étendre à la Méditerranée, au monde marin, et puis surtout qu’il s’inscrit dans une visée plus large concernant les habitats (le couple bioèce-biocène).
Enfin les écologues trouveront un manque criant de statistiques dans ces travaux ; je me suis expliqué en plusieurs endroits sur ce « rejet », notamment dans le texte cité plus haut avec Emmanuel Catteau.
Sur tous ces sujets je suis prêt à répondre, mais je crois que ces limites sont déjà évoquées plusieurs fois dans les textes, et quant aux positions idéologiques des uns et des autres, moi compris, je pense que Cap eu seuil expose nettement le fond de ma pensée.
Téléchargements
- « Sciences naturelles = sciences humaines ? », Carnets botaniques n°71
- « What has become of our cenosis? », Plant Sociology n°58/2
- « Éléments pour la description des communautés animales ; application aux malacocénoses », « Note pour l’établissement de relevés malacocénotiques », « Synopsis d’un prodrome des malacocénoses de France et d’Europe », Folia conchyliologica n°64
- Malacobase
Errata
De nombreuses coquilles se sont glissées dans les textes publiés : un certain nombre par ma faute, le manque de temps ou d’attention dans l’urgence ou la frénésie de la recherche-publication ; un certain nombre parce qu’il est évident que la relecture est une tâche qui n’est plus considérée comme une évidence éditoriale. Je vais tâcher de rassembler ici les errata des trois textes publiés en revue scientifique.
References
↑1 | En l’occurrence, je rechigne, dans ces textes théoriques, à appliquer les séquences parfois artificielles Méthode/Résultat/Discussion, qui vient figer un peu plus les idées déjà plus que scarces. |
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