Escargot

Escargot — nature : faune | société : habitat N. masc. Sorte de ver fusionné à un caillou en spirale, asymétrique, qu’il compense généralement par son hermaphroditisme

 

  1. La neige fondait, revenait l’herbe et avec l’herbe les feuilles, les cailloux, les tiges et branches des arbustes, les cailloux, les murets plus ou moins éboulés, les chemins, les milieux bas (prairies, et leurs bouses), les cailloux, tout le caché. En attendant les premières fleurs je m’étais mis aux escargots.
    Je n’en doutais pas : le facteur montagne + le facteur calcaire partout = escargots à gogo (escargogo).

    Je ne m’étais pas trompé. À peine la neige devint un souvenir poisseux, je fouillais les feuilles et les mousses, la litière et les pierrailles, et les espèces abondaient : les gros bourgognes, petit-gris, hélices diverses. Je cherchai (et trouvai) les espèces montagnardes qui m’étaient moins familières, comme l’Hélice grimace ou l’Escargot hérisson… Je m’abîmais les doigts à gratter les parois des falaises, m’arrachais les yeux à guetter à carder les minuscules rameaux des mousses en quête d’une Vallonie, d’un Maillotin, d’un Vertige ; je ne piétinais même plus : je végétais.

    Mais sur un mur bête je me contentais d’une richesse exubérante, aussi riche que les accents et les fromages, les vins ou les rivières du Jura. Il ne fallait pas oublier que ces coquilles pesaient quatre-cent mètres et plus d’étage géologique (jurassique) !

    L’escargot devenait subsidiaire totem, sa spire un exemple dialectique, son habitat la réconciliation du sédentaire et du nomade, du migrant et du domestique !

    BV — bibliothèque

 

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