Super 8 couleur et noir et blanc numérisé, 9:31, 2022
Images : Aurelian Cafadaru et Anaëlle Vanel
Montage et sous-titres : Anaëlle Vanel
Il reste peu de traces ici de ceux que l’on nomme « les travailleurs indochinois ». Lors de la Seconde Guerre mondiale, environ 20 000 travailleurs forcés sont venus d’Annam, du Tonkin et de Cochinchine pour soutenir l’effort de guerre en France (ils n’ont été rapatriés qu’à partir de 1952) et un millier d’entre eux ont été envoyés à la Poudrerie de Saint-Chamas. Comment contrer l’indéterminé de ce nom, qui neutralise et dépossède ? Comment évoquer la vie de ces hommes aux trajectoires et aux origines multiples désignés par un même terme, une même qualification ? Ces interrogations ont été le point de départ du film, et une réponse était certaine : ne pas parler à la place de.
C’est donc du paysage que l’Histoire émerge. Le lieu déborde de lui-même et devient la métonymie de tous les autres lieux où furent présents les travailleurs vietnamiens. L’Histoire affleure avec le moins de mots possible. Et c’est le mécanisme de la mémoire, ce processus intime et subjectif qui fait que l’on se souvient ou que l’on ne se souvient pas, qu’il s’agit de saisir ici. Faire émerger cette Histoire, ça ne veut surtout pas dire qu’elle était oubliée. Cela veut dire qu’elle a toujours été présente, ici et ailleurs, et qu’elle se dévoile à qui veut bien lui prêter attention.
Le titre est emprunté à un poème d’Hô Chi Minh.