Je ne connaissais pas la ville, dit-elle,
mais l’image que je m’en étais faite est
en tout point conforme à ce que je vois depuis deux jours.
Ils avaient bâti la ville dans une conque,
contre l’océan infini,
à l’inconnu de l’au-delà des crêtes.
Il resta que leur ville devenait immense,
bien plus grande que toutes celles des autres
qui étaient pourtant tentaculaires.
Ailleurs
Ici elle s’arrête. Cette route qui entoure ce petit groupe d’immeubles
est la frontière de la ville
Au-delà ce sont les champs de choux et betteraves
rouges.
Plus rien de ce qui est plus étranger à la campagne,
plus rien de la ville, n’y git,
pas même un papier-gras,
un sac crevé accroché aux prunelles.
Les deux univers s’indiffèrent
ostensiblement.
Quelle joie de retrouver
après des semaines d’espaces majestueux
mais vides, paysages magnifiques
mais vides, nature dominante
le dédale mesquin et pernicieux
où je cueille les frites
le galopin de bière
à la volée.