Il y a un château à Teyssières, au cœur des montagnes de pin sylvestre et de chêne blanc. Les hêtres surplombent le tout. Mais des hommes, venus d’en bas, venus d’on ne sait où, ni surtout pourquoi, ont gravi les montagnes.
Ce qu’ils virent en haut était inespéré ; des falaises de safre à pic sur ceux d’en bas, et leurs routes ; des rapaces dans l’air pur ; du thym pour soigner ; et des crochets de roche dure, mais travaillée par le vent, qui y dessine des arabesques qui voyagent et font voyager.
Ce qu’ils virent en bas était minuscule ; ils ont pensé être les maîtres des lieux – et ils l’étaient en vérité.
Alors ils ont creusé dans le grès dur, ils ont placé des moyeux, des mortaises, ont découpé des marches. Ils ont bâti une muraille épaisse de calcaire sur l’unique côté sensible. Ils se sont éperonnés à ne plus craindre ni le vent, ni le vide.
Ils ont amassé les farines, les grains, les armes, et les récits.
Ils ont attendu que passent les siècles sur leur place forte.
Les sentinelles attendent encore.
(Les chamois les observent aujourd’hui, sans crainte ; le pin sylvestre et le chêne blanc en chaque entaille, en chaque fissure, trouve un point d’eau. Les genêts ont dissimulé le reste des ossements.)