Tu traverses la Provence encore, de long en large et en travers, et que vois-tu ? Là où la forêt est préservée, là où la roche empêche l’installation des villas ou pire : des parcelles à lotir, là où se cache la nature et où elle est unanime, c’est une terre brûlée, fatiguée, soit creusée jusqu’à l’os (notamment autour des villes qui explosent : Arles, Avignon, Nîmes (je maintiens que Nîmes est en Provence), Marseille bien sûr mais aussi les stations balnéaires, les villes portuaires, soit déserte ou désertifiée. Il est vrai que les pays montagneux s’en sortent à peu près mieux (monts de Vaucluse, Luberon, Alpilles, Ventoux, Baronnies, à des degrés divers et selon divers heurs). Les terrains militaires sont nombreux.
Mais regardez ces villes, ou voyez-les autrement : Forcalquier ! Apt, Sisteron ! Buis ! Les Saintes ! Il est vrai encore une fois qu’on peut difficilement sauver les villes de la Côte dite d’Azur. Un mal a été fait, de Montpellier à Nice, qui est incommensurable. Les Maures, l’Esterel, la vallée de Tende, la Camargue, ont bien quelques espaces sauvegardés, mais on a vendu la terre, on l’exploite à outrance, elles lacérée de routes, et parsemées de non-lieux. Voyez peut-être Partage des eaux. C’est ce même sentiment mêlé de solitude, de goût amer, de gâchis perpétuel.