J’entendais hier à la radio l’architecte Portzemparc dire que notre langue était plutôt lacunaire pour parler des choses d’espaces, de volume, de profondeur, d’étendue, etc. Ce genre de remarque ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd lorsqu’on s’évertue à l’espace, comme ces modestes pages voudraient le faire croire.
Nous sommes des êtres d’espace et, si notre langage est timide à son égard, l’écriture elle-même en est l’une des manifestations les plus singulières. J’ai par ailleurs posé quelques notes, à développer, sur l’écriture comme écriture de l’espace, en recyclant de vieilles choses autour des sempiternels (Michaux, Quignard, Derrida, mais avec point vers Faulkner, Auster et maintenant, peut-être, Kerouac).
Projet comme on les aime, c’est-à-dire redevable à la greffe plus qu’à l’inspiration, dissémination ou contamination plus qu’à la citation, Writing without Words, de Stefanie Posavec est une traduction spatiale de textes à partir de logarithme graphiques ; chaque portion de texte est assimilée à un thème-clef, et chaque thème à une couleur ; un mot représente une longueur définie et chaque nouvelle phrase est un virage de 90° à droite.
Le résultat est stupéfiant : un représentation totale, en deux dimensions, du texte. Peut-être l’avenir est-il à la bidimension ? Et comme on nous en rabâche les oreilles, l’internet du futur sera celui de la folksonomie, il n’y a qu’un pas pour avouer que l’avenir est… au mot.
NA : le lien sur l’image ci-dessus renvoie au site Visual News, tandis que celui de l’image ci-dessous renvoie à la section du projet sur le site de l’artiste.