Où l’on apprend que…
§ La catastrophe est spectaculaire, c’est ce qui fait son charme. Le nucléaire est branché (sans jeu de mot). Elle est implacable comme la radiation. C’est sa singularité. Elle est un instant qui dure. Chose temporelle qui ne porte pas de nom. Ni instant, ni permanence. Son enveloppe éthique. Sa texture politique.
§ On est beaucoup moins attentif à d’autres catastrophes, qui n’impliquent pas d’êtres humains. Ou dont ils ne voient pas l’implication personnelle. La télévision est une catastrophe ; la nourriture servie aux enfants des écoles est une catastrophe ; la disparition des mouches et moustiques et guêpes et frelons et abeilles et papillons semble aujourd’hui la pire des catastrophes (on parle toujours des abeilles, parce qu’elles sont domestiques • tous les pollinisateurs sont touchés, ne disparaissent pas moins). Mais nécessite une rupture totale de nos modes de vie — ce qu’aucun n’envisage de faire. On ne sortira pas du nucléaire sans réduire nos consommations d’électricité. On ne quittera pas ce monde sans prendre conscience qu’on ne peut le quitter. C’est-à-dire limite. C’est-à-dire finitude. Nous ≠ dieu. Nous ≠ croître sans arrêt. Tout parti politique qui ne dénonce pas la croissance est grotesque et lâche fumisterie. Signe l’arrêt de mort.
§ Aux liquidateurs qui se liquéfient pour tous. C’est la pleine lune ce soir. Elle est rouge. 日の丸の旗, l’œil de Japon saigne.