Où l’on apprend que…
§ Et si ce texte était un autre texte ? S’il recouvrait un autre texte qui avait déjà paru, avait été transformé, avait été enterré, ou effacé. Et oui : écrire ces mots recomposés ces mots mélangés ces mots volés ces mots trahis ou mal traduits… si c’étaient d’autres mots qu’ils dissimulent ?
§ Qui dira la texture un jour ? Qui dira la nature du texte ? Non ! Rien ! Jamais ! Il n’y pas de texte, en tout cas il n’y a pas de savoir sur le texte. Le texte déchante, dénature, déparle. Tu ne courras pas derrière ce qui efface. Les mots sont à peine une trace — une trace de ce que tu oublies, ou l’oubli même de ce que tu traces.
§ En écrivant, tu effaces. Tu es malhabile. Sur papier ou sur écran, tu es toujours comme au devant du tableau noir, du • mur • noir. Tu écris mal, tu es gaucher. Ce que ta main trace, ta manche maladroite l’efface. Arrivé au bout, il n’y a plus rien du texte, il a fait son office ; il n’y a rien non plus de toi. Tu n’es plus rien. Tu n’avais un corps qu’à peine. Tu n’as même plus de nom.