Où l’on apprend que…
§ Je suis un Gitan moi, attention. Les yeux. A trois cent soixante degrés. Sur le caveau de mon père. T’as vu mes mains. T’as vu ? Regarde, c’est plus des mains, c’est des battoirs, sur la tombe de ma mère, je te dis à chaque coup ça tombe pile. Pas là sur le front, pas là sur le nez. Moi c’est là, entre les yeux. Je suis un gitan moi, je dis pas de conneries. Je mens pas. Pile entre les yeux, le mec en vingt-cinq minutes il est mort, débité, découpé, sur le carreau. Je suis comme tout le monde. J’en n’ai pas trois. Mais il faut pas • T’as une clope ?
§ Un jour, j’étais gamin, j’étais avec ma mère, un mec est arrivé, l’a agressée, trois bastos dans le dos. Elle est tombée par terre. J’ai pris son sac, dans le sac il y avait. Regarde. Cinq. Cinq plaques. Le mec il m’a couru après. J’ai couru, jusqu’à chez elle. Je savais dans le tiroir il y avait un tissu rouge. Dedans un pétard. Et aussi du fric, tout le fric. Pas cinq, là. Regarde. Cinquante. Le mec déboule, je repars, et je lâche des liasses derrière moi, pour qu’il se baisse. J’ai bien fait. Je mens pas. J’ai pas la langue d’une tapette. Je suis un Gitan, moi. Je m’appelle David. Dans David, y’a deux D. Vrai ou pas ? Je suis pas un menteur. Regarde mes mains. Le mec, en vingt minutes, il est mort. Je suis pas méchant. Mais il faut pas me chercher. Je m’appelle David, le caveau de ma mère. Les yeux, à trois cent soixante degrés.
§ Si tu as besoin, viens voir. Viens ! Regarde : la porte elle est fermée. En fait elle est ouverte. Au bout du couloir, les escaliers. Si tu as besoin. Tu viens, tu cries Maria, et je sors. Le mec il fera pas le malin. Je sors avec mon Uzi, même en caleçon. Je m’en fous, moi. Je suis un Gitan. Je m’appelle David. Y’a deux D • dans David. Vrai ou pas ? Je peux mettre coup par coup, y’a un chargeur il fait cinquante centimètre. Si ça suffit pas je le mets en rafale. Là ça dégage. A trois cent soixante degrés. T’as du feu ? J’en n’ai pas trois, je suis normal. Mais faut pas m’emmerder. T’as qu’à venir. T’hésites pas. Tu cries Maria, au fond, le couloir, les escaliers. Uzi. Paf. Un jour y’en a un il a voulu me les couper, avec un couteau. In-dé-cou-pa-ple. Il a même essayé avec un chalumeau. In-cha-lu-ma-ble. Regarde ma main : elle est plate, à force de frapper, le caveau de mon père. T’hésites pas. Je suis un Gitan. Pas une tapette. Je mens pas. Je m’appelle David. Y’a deux D.