Où l’on apprend que…
§ Jusqu’au moindre des objets de la maison, je range, je sélectionne, je choie. Tout est à ce point programmé, et chaque jour revient sur son ainé, l’écrase méticuleusement, à quelques détails près, c’est le moyen que j’ai trouvé, moi et la nature, aussi, pour avaler la vie. Le jour revient inlassablement, et inlassablement je replace la boule à thé bu à son emplacement.
§ J’attends toujours que tu reviennes. Quand tu quittes ce lieu sur un malentendu, une colère ou une déchirure. Je reste à l’affût un moment assis sur la dalle qui supporte la fenêtre et je regarde la rue, les platanes, et parfois la lune qui joue avec. Dans le lit, l’ouvre l’œil dès que j’entends un véhicule se garer. Je me relève souvent. J’ai toujours attendu qu’elle revienne, et attendrai toujours, sans doute. Que par surprise. Que par inadvertance. Rien qui ressemble moins à la routine.
§ Mais cela je ne peux te le dire. Je le confie à mes notes, comme un brouillon, une pelote de ratures. Ce n’est pas à moi de le dire. C’est à toi à comprendre. Tel que je le conçois, l’échange entre deux être ne souffre aucun conseil, aucune allusion. Aucun sous-entendu manipulateur. Il est responsable, et s’assume. Tu me manipules • au contraire. Je l’accepte volontiers. Quand tu me forces à venir embrasser le • la • l’ • en tirant les cheveux jusqu’à la douleur. Je ne comprends jamais assez au • contraire. L’échange tel que je le conçois n’a ni nom, ni âge.
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