Où l’on apprend que…
§ Tu as raison. Et d’ailleurs je te comprends. Ce n’est ni vivable, ni enviable. Il n’y a aucun motif valable pour toi à céder. Tu es mariée, toi et ton mari formez un couple épanoui, vous semblez heureux.Je ne sais rien de cette autre vie mais tous tes traits, ton énergie, l’intonation de ta voix, ce mouvement imperceptible des paupières, lorsque tu parles de lui ou de vous, traduisent, enfin, respirent la proximité de la félicité.
§ D’ailleurs, tu le vois bien — et moi amèrement l’avoue : je n’ai rien à t’offrir. Je ne suis pas assez solide pour imaginer une histoire à construire longue, un truc sérieux. Je ne suis même pas assez vicieux pour une simple nuit. Il n’y a donc aucun intérêt objectif à ce que je te regarde comme une personne rare, à ce que je te considère comme un être cher. Nécessaire, au bon déroulement de mon existence. Il ne me sera pas difficile de t’oublier, tant il est vrai que mon attrait s’apparie au caprice et ce que je croyais être du désir s’avère être de la curiosité — voire de la distraction.
§ Tu comprendras que, par une disposition prophylactique, une espèce de mesure d’hygiène (susceptible de ménager la santé mentale de notre relation), il ne sera pas possible de continuer à travailler ensemble. Me reste en effet encore une once de dignité, et le soupçon de lucidité qui par intermittence traverse encore mes neurones à ton égard | l’éclaire • m’enjoint presque à genoux à te demander cela mais | seulement | après que | tu as retiré ce talon de ma trachée, je t’en prie, prends • ton temps.
< Précédent • Suivant >