Où l’on apprend que…
§ Les séminaires d’entreprise, les rencontres professionnelles, les assises régionales ou nationales, sont un excellent moyen de faire péter trois ou quatre jour de boulot, et te permettent de voyager et bouffer à l’œil, d’être nourri blanchi logé aux frais de la princesse — les connards qui te filent des bilans au dernier moment ou t’humilient en conseil d’administration. Dans les meilleurs des cas tu peux espérer rencontrer des types sympas, voire lever une chargée de mission du Languedoc ou une stagiaire d’une filiale de Bretagne.
§ Il faut toutefois se taper des heures infâmes de train, accompagnées des changements et des attentes insoutenables, et parfois d’un collègue peu amène — ou trop. Heureusement nous prenons le TGV, cet outil fantastique, qui relie Pris au reste du monde — même si dans le cas de la France, le reste du monde est souvent limitrophe à son trou du cul. Ah oui parce que les vieux Corail, qu’ils ont le culot d’appeler maintenant Intercités, ou pire, les TER, plus indigents que tout. Je préfèrerais prendre la bagnole. Entre les jeunes désœuvrés, les emmerdeuses avec poussette et sans compter les retards et arrêts inopinés sur les voies au beau milieu de nulle part. Le TGV est beau, efficient, confortable, avec un bar. Fleuron de notre économie.
§ La France est grande dit-on, mais l’essentiel de ses forces vives et de son intérêt résident à Paris et dans les quelques villes reliées à la capitale. Et l’essentiel de ces forces passe grand morceau de sa journée en TGV avec abonnement, et le reste du temps en hôtel Ibis, Holliday Inn, Mercure. C’est pourquoi nous avons besoin de calme, de la chaleur des chambres et des plats, de la fraîcheur des bières et de la douche en été. De détente, mais aussi qu’on nous considère un peu, en nous laissant un peu de temps libre, et de liberté si ça nous vient à 23h, de prendre un verre, d’avaler quelque pilule, ou d’avoir subitement besoin de tendresse, alors veillez bien à garder près de vous un stock frais, renouvelé et dispos de stagiaires et chargées de missions pour éponger la sueur et le reste du sel de la terre.