Si j’ai croisé très vite François Bon jeudi soir à Montparnasse, c’est pour le retrouver mieux qui « bricole » une lecture avec table de mix, rétroprojecteur, bafles et les inévitables compagnons que sont le petit iBook gris et la récente liseuse Sony, qu’il tient d’une main (puisqu’il n’y a pas de page à tourner). Le tout chez François Morice et à la Librairie Pensées/Classées.
Derrière lui ont défilé des images de Led Zepellin et leur clique.
Là encore la voix porte et, s’il invente ici une rythmique qu’il souhaite coller à la musique et à l’incroyable houle de tambours de John Bonham, l’œil plissé, le bras levé, il ne se laisse pas emporter par l’élan de la lecture, plutôt recherche l’homonyme batterie.
Je lui propose ici une « performance » batterie/voix, je lui propose ce « duel », ce duo. Ces rythmiques rock, je les comprends, mais je comprends mieux encore Bonham, Charlie Watts, Ginger Baker ou Mitch Mitchell par le détour des prédécesseurs : la main lourde de Charles Mingus, les hoquets de Coltrane, les kyrielles de Monk. Sauf que les concernant le rythme envahit presque toute la musique, que chaque instrument peut être un genre de percussion, tandis que dans le rock cela s’est « dévolu » à un pauvre type au fond, loin des lumières, et souvent inconnu. Cet état du rythme comme instrument, plutôt que l’instrument comme rythme ou mélodie, on le retrouve chez les bassistes bien sûr mais évidemment chez Keith Richards, qui a inventé, lui-même amateur de Robert Johnson ou de Bach (je veux dire qu’il a compris leur musique par la rythmique, car comme il dit pour les deux cas : on dirait qu’ils sont deux à jouer quand ils jouent), un genre de cavalerie de notes, de grappes de notes, de retraits, de saillies soudaines et de contrepoints d’équilibre, délicates lames saignantes. Un jeu tout à fait nouveau de guitare, sa marque de fabrique.