J’eus ensuite l’impression, non d’avoir rencontré un personnage produit comme tant d’autres par l’intériorité d’un auteur, mais une personne physique que j’avais d’abord vue, au point d’en recevoir l’haleine, avant d’être envahi par elle et occupé par ses convulsions. D’emblée il me parut clair que Beffroi exigeait de vivre anarchiquement dans mon univers, de se donner l’éducation qu’il lui plairait, de m’abandonner à l’envi, de me réinvestir à son gré, d’opposer à ma propre histoire sa version particulière de cette histoire, de décomposer et de recomposer selon son humeur le cours inexorable de mes obsessions.
Je tombe par hasard sur cet extrait de lettre de Blanchot à l’auteur :
« Je n’aime pas ceux qui vivent leur chute […] Faut-il ajouter que la chute ne les aime pas et que s’ils tombent, c’est immobiles, silencieux, et comme hors de leur propre chute, à laquelle ils sont étrangers, comme ils sont étrangers les uns aux autres, parfois cependant se reconnaissant un instant et se saluant amicalement, comme je vous salue ici, oui, avec amitié.
(La phrase en italique est de Rimbaud)
comme je te salue