Jour 3. Q.XI : Portuense ; Q.X : Ostiense ; R.XX : Testaccio ; R.XII : Ripa ; Q.V : Nomentana
℘ Je reprends mon parcours dans le Testaccio, quartier véritable, cette fois en bordure d’Ostiense, où je vais voir le gazomètre. Je mange via del Porto Fluviale dans un bar typique ; le type qui réchauffe mon panino à une voix de femme. Je m’approche enfin des Cocci, mais je constate que la colline est fermée aux visiteurs (« area archeologica ») et me rabats sur l’inutile musée d’art contemporain. Dommage, car cette colline, constituée de tous les débris de tuiles, pierres et autres, extraits du fleuve en une accumulation tout aussi hétérogène qu’artificielle, montre en son sommet (sur les photos aériennes) une zone sur laquelle j’aurais pu vérifier quelques plantes.
℘ Ascension de l’Aventin en plein cagnard, ne croise personne. Arrivé sur les hauteurs, le complexe monumental de Santa Sabina est plus animé, les gens provenant plutôt du Palatin. Je reste loin d’eux, toutefois et préfère au Jardin aux Orangers le petit espace circonscrit entre Santa Sabina et Sant’Alessio. Là, plusieurs travailleurs (?) émigrés (Inde ? Amérique du Sud ?) prennent leur repos. Je préfère leur compagnie à celle des groupes impossibles d’adolescents allemands qui, comme hier, scrutent la ville en mâchonnant diverses saloperies industrielles.
℘ Je quitte finalement cette zone pour un grand bond en métro (noir, sec, sobre) vers piazza Bologna où je m’arrête un peu au hasard. Le quartier (Nomentana) présente peu d’intérêt, ce sont de grands immeubles résidentiels dans le plus pur jus italien. J’y goûte un certain plaisir toutefois, viale delle Province, assis à la table d’un type qui boit une bouteille de Peroni, dans un bar tenu par des Chinois.
℘ Toutes ces marches (plus la voiture, la belle étoile, le sac à dos et le train) ont raison de mon dos et je commence à sentir les douleurs revenantes de la sciatique. Je décide de rentrer et marche donc comme un petit vieux vers n’importe quel bus, en l’occurrence via Catania, pour revenir, par un assemblage de quartiers encore trop neufs pour ma compréhension (Policlinico, viale XX settembre, Barberini) et je prends, de nouveau, le métro pour Piramide (absurde trajet).
℘ Je fais encore un passage à Testaccio et me dis que ces petites rues dans la ganse du fleuve feraient un beau point d’appui romain (immeubles entre les rues Aldo Manuzio et Benjamin Franklin).
Jour 4. R.XIII : Trastevere ; Q.VI : Tiburtina
℘ Je me rends au petit marché de Trastevere, celui de la piazza San Cosimato, l’occasion d’aller voir la belle place St François d’Assise et de découvrir l’église du même nom avec un bel autel du Bernin, et qu’une chapelle conserve la dépouille de Chirico.
℘ Trastevere est au mieux coupé en deux, la partie plus centrale, médiévale, pleine de pseudo pittoresque, de folklore fabriqué et de touristes indifférents à la ville, et la partie plus au sud, résidentielle, avec moins d’intérêt carte postale mais à mon sens encore un peu vivant.
℘ L’occasion aussi de voir le Nuovo Sacher, le cinéma géré par la société de production de Nanni Moretti (encore lui) dans un plus pur style moderne décadent. j’y repasserais deux jours plus tard, mais de nuit, et y assisterais même à la projection de Per une pugno di dollari.
℘ Le soir, rendez-vous dans le quartier de San Lorenzo, l’un des rares quartiers contestataires d’une ville qui est politiquement morte depuis longtemps. (On découvre par ailleurs divers lieux occupés, dont la visite pourrait faire une autre déambulation urbaine.)
℘ Termini (premier passage du séjour) accueille toujours cette foule bigarrée des gares, entre touristes rougis et abrutis, personnes égarées dans leur architecture paysagère mentale, agresseurs potentiels, mendiants, malades, dealeurs. Odeur de pisse à peu près partout et agitation pressée.
℘ San Lorenzo, et tous ses noms de rues évoquant les peuples italiques : Ramni, Olsci, Volsci, Piceni, Salentini, Etruschi, Aurunci, Apuli, etc. C’est ici aussi qu’en 2007 aurait été identifié le Graal.