Depuis le mois de décembre, à l’initiative de la Panacée de Montpellier, je suis en résidence avec trois autres membres du Général Instin : Patrick Chatelier, auteur et initiateur du projet, Eric Caligaris, musicien et plasticien et Sylvain Périer, SP38, affichiste. Notre mission : occuper un espace sur le site élaboré par Eli Commins et le centre d’art, Textopoly. Cet espace, Espace Autonome Instin est une perception flou, instinienne, d’un modèle de ville, inspiré par la visite de l’ancienne Ecole d’Application d’Infanterie, à présent désaffectée et en attente d’un nouveau destin municipal (école, logements étudiants, tram). Nous visitons la ville avec des yeux hallucinés, nous brouillons les pistes, nous mélangeons les itinéraires.
Il a fallu du temps.
Il a fallu le temps de construire des ateliers qui répondent correctement aux exigences de cette résidence. Il a fallu déjà comprendre ce que nous faisions là ; et définir ce que nous proposerions aux participants.
La consigne était pourtant simple : participer à l’occupation instinienne de Textopoly. Mais pour y faire quoi ?
Textes
Comme souvent, je préfère m’inspirer de textes supports afin d’en retirer une forme, une formule, une technique propre d’écriture. Je me suis donc dirigé vers un corpus que j’avais déjà, plus ou moins, rassemblé, pour deux thématiques abordées jadis : le nom du père ou le revenant (justement). J’ai gardé certains de ces textes et en ai ajouté d’autres.
• Pedro Pàaramo, bien sûr, en tête de toute la liste, non seulement parce que c’est le fantôme le plus saligaud de l’histoire des fantômes, et que de surcroît, c’est l’un des quatre ou cinq livres qu’ont le plus touché.
• tout de suite, bien sûr, évoquer Edgar Lee Masters et l’Anthologie de Spoon River, traduite (?) par le GI sous le nom SRC : Spoon River Catalogue.
• Beloved, de Tony Morrison ; malgré plein de défauts de la dame devenue qu’elle est (?), ce livre-là reste très bien ficelé, serré comme un rôti et, je dois dire, ayant relu des passages, assez inquiétant.
• Fantôme ; grâce à Nicole Caligaris, j’ai lu Fantôme de Sigismund Krzyzanowski , grand auteur, grand livre ; tout ne servira pas, mais c’est l’occasion aussi, d’en parler ;
• Le tour d’écrou de James, l’un des plus beaux de ses textes ; putain, on ne lit pas assez Henry James.
• parce qu’il serait question de cimetières, je suis tombé, grâce à Benoît Virot, sur l’un des tout premiers bouquins publiés par Attila (le second si je ne m’abuse) : La tombe du tisserand, de Seumas O’Kelly ;
• enfin, je n’excluais pas quelques extraits de classiques, comme l’Enfer, l’Eneïde, Hamlet et Othello. J’avais en effet besoin aussi d’une série de représentations du monde de l’au-delà.
Je noterai encore trois petites références, qui ont été utiles pour aérer un peu la densité de ces textes et des consignes d’écriture :
• grâce à Aude Samarut, la découverte de The Milan Review of Ghosts, le dernier nom étant un peu le numéro
• grâce à Benoît Virot (au même endroit et dans le même lieu, du reste, que la revue que je viens de citer, et c’était donc au Monte-en-l’Air, comme ça, c’est fait), un livre que j’aurais donc commandé à Montpellier (c’était à L’Ivraie, voilà, c’est fait aussi), un agende de Viele Stück, Les plantes fantômes.
• et, parce que c’est tombé à ce moment là, la série Les Revenants, dont les deux extraits posent déjà une certaine idée du fantôme, qui pouvait aussi me servir…
Enfin, voici la présentation que j’ai réalisée pour orienter les participants.
INSTIN x TEXTOPOLY 0. Instin x Textopoly : présentation • 1. Le séjour • 2. Première visite à l’E.A.I. • 3. Le Septième Ciel, ou la folle machine fiction collective • 4. A.monument • 5. Préparation des ateliers d’écriture • 6. Des plantes et de la botanique • 7. Cimetières • 8. Du fait militaire • 9. Ailleurs (Sète, Cette, 7) • 10. Textopoly, petit précis de l’utilisateur