François Bon et les éditions Publie.net me font l’honneur de publier un texte, un récit, intitulé Pas rien.
Ce texte est le troisième d’un triptyque un peu ancien, et j’ai été surpris de voir qu’il pouvait intéresser une « rentrée littéraire », même numérique. Comme je le dis ailleurs :
C’est presque texte de jeunesse, en tout cas une petite dérive, une aventure textuelle, simple, une vire ou une sente dans le roncier de l’époque, qui mélangeait les restes de la Littérature inquiète et les débuts de GEnove, deux gros morceaux.
Il est néanmoins présent et, sans passer par un faire-part qui serait mentir et sans doute beaucoup de bruit pour (pas) rien, comme l’a fait (lui justement) Christophe Grossi, pris dans la même aventure de « rentrée », je l’accueille et l’assume (c’est-à-dire je l’oublie et passe ailleurs).
Petite note liminaire : le « pas rien » du titre fait référence à une expression des montagnes drômoise et qui fait office de super enclitique comme « pas », et équivaut à « vraiment pas, rien du tout ».
Je travaillais dans une coopérative agricole (j’y ai travaillé plus de deux ans, c’était mieux que les chantiers de TP) et on vendait du vin en vrac. Je me rappelle un vieux de Teyssières (sous la Lance) quand il me tendait le cubitainer hebdomadaire de 20l. Il parlait d’une chose, je ne sais plus quoi, la météo peut-être, qu’il n’avait pas plu assez, ou pas du tout. « Il a pas rien fait. »
J’aime bien le mot rien — j’aime bien le mot pas. Rien c’est rem, chacun sait, la chose, la personne, même, en préfrançais. Ma doulce rien, lit-on chez les troubadours. Pas c’est le pas comme c’est rien. Le pas au delà, chez Blanchot, c’est à la fois le pas du pied qui franchit la ligne, c’est aussi ce qui n’est pas, justement, au-delà. C’est aussi le rien, qui peut être au-delà.
J’aime ces petits mots qui ne décident pas. « Il a pas rien fait », chez nous, ça veut dire : il n’a rien fait du tout. En français on peut l’entendre comme Il a fait des choses, quand même, Il travaille un peu. Ou même, par euphémisme, qu’est-ce qu’il en a fait !
Si j’insiste ici sur ce point, c’est je crois parce que la narratrice lutte précisément sur ces lignes et points. Sur ces malentendus. Sur l’emprise qu’ont les mots de nous, de nos vies : « nos agissements, nos habitudes, nos cercles », donc.
François Bon — belle lecture, bienveillante :
On retrouve sous la tension narrative la familiarité que Benoît Vincent a de Blanchot, Quignard, ou Bataille. Dès le premier paragraphe, l’instance du dérèglement – là où glissent et se fissurent les règles – c’est la syntaxe qui en porte trace, et c’est elle tout du long qui sera l’instance de l’égarement, la dé-mesure.
Guénaël Boutouillet suivra, puis Brigitte Célerier, Christophe Grossi justement ; des amis, en somme. C’est peut-être aussi pour eux qu’on écrit.
Je reprends d’ailleurs son dernier paragraphe : Ce texte est disponible en numérique. Il est proposé en trois formats, en PDF (pour la lecture sur l’écran de l’ordinateur), en ePub (pour la lecture sur liseuses Sony, Bookeen, etc. et tablettes iPad, Androïd) et en Mobipocket (pour les utilisateurs du Kindle). Il peut également être lu en ligne (streaming) via immatériel. Le pack complet est vendu 2.99 € sur le site de l’éditeur ainsi que sur tous les sites des librairies numériques (Place des libraires numérique, Bibliosurf, Le Divan, Dialogues, Ombres blanches, Sauramps, Furet du Nord, VirginMega et tant d’autres encore dont ePagine pour qui Christophe travaille et qui le propose en ePub uniquement).
Reçu mail de la narratrice de Pas rien :
Hier aussi c’était pour moi la rentrée. Vu : pas rien, sur internet pour le récit paru dimanche soir. Immense doute comme couverture, et que manque de sommeil accentue. Vous embrasse.
Jourd’hui va autoriser, j’en suis sûr, un sommeil propice. C’est comme ça : « comment le numérique organise sa propre réception et médiation du livre ».
Merci bref.