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L’affaire Panitza, prologue

Posted on 6 février 202129 septembre 2024 by Benoît Vincent


 

Sommaire [masquer]

  • 1 1. Pleasantville, Mount Pleasant, chez Prospero
  • 2 2. Mount Pleasant > JFK, le trajet
  • 3 3. Paris-Marseille, 1953
  • 4 4. Provence, 1953 : l’éclat

1. Pleasantville, Mount Pleasant, chez Prospero

Une pizzeria comme il y en a des milliers. Prospero parlait avec le Professeur. Il entendait à peine la conversation. « Mm mmm mm mmm-mm mm, mm fleur, mm-mmm-m mm. Mm mmmm. M ! » En substance.

Il attend la quatre saisons. Lucy finalement arrive, un broc de plastique dans une main, le carton à pizza dans l’autre. « Salut Johnny. Voilà la quatre saisons. Tu sais ce que m’a dit un client hier ? Avec le temps qu’on a, chez nous, on les appelle les Deux saisons. Ça m’a pas fait rire, sur le moment, j’ai pas que ça à foutre. Mais en cuisine je me suis marrée. Évidemment Panish a pas compris. Sauce piquante tu l’as ? »

« Dis-moi, tu sais ce qu’il est en train de raconter, le Prof ?
– Bah, parait qu’il y a des fleurs qui portent le nom de Prospero. Prospero lui il s’en fout bien pas mal puisque son vrai nom c’est Aldo.
– Le monde est tout de même plus beau avec des Italiens.
– Bon app’ ! »

 

2. Mount Pleasant > JFK, le trajet

Dans le taxi qui le mène à JFK John repense à ce que lui a dit Prospero quand il est venu débarrasser, que le prof (William K. Sparks, professeur d’Humanités et Culture de la nature) lui avait fait tout un cinéma avec ses fleurs, puis finalement ils ont longuement disserté sur les prénoms, et sur l’usage qu’ont les Américains d’ajouter l’initiale de leur deuxième prénom, surtout à l’université, et le prof a avoué que lui n’en avait pas, qu’il avait inventé celui-là, K., pour Kafka peut-être ? non pour Kaiser. Michael Kaiser Sparks, ça pète. De toute façon personne ne te demande jamais ce qu’elle veut dire, l’initiale du milieu, sauf dans les bibliographies, mais encore faut-il publier des articles, et moi j’ai arrêté, a dit Bill, mais Prospero lui aurait répondu qu’il s’en foutait, de toute façon lui son vrai prénom c’était Aldo, sans « initiale du milieu ».

Rosemary se heurtait, à la radio, à l’aveuglement d’une famille qui avait été roulée dans la farine par un un mont-de-piété véreux. Le taxi tendait l’oreille, ce qui lui donnait un air de traviole bizarre, et inquiétait un peu John sur la conduite. Mais il n’y avait pas de trafic, et déjà on voyait au loin la skyline se dessiner. Comme le conducteur avait remarqué l’air de Panitza, et que le programme avait touché son terme, il lui demanda :
« Vous êtes sûr que vous voulez passer par Flushing, ça va vous faire un sacré détour.
— Oui, répondit John. Je suis sûr. Vous ne pouvez pas savoir le luxe que c’est pour moi d’éviter Manhattan.
— Bah c’est vous qui voyez », avec cet air désolé mais satisfait du type qui a tout fait pour éviter à son client de se faire arnaquer mais qui l’accompagne volontiers dans cette arnaque.

Il reprit : « Vous suivez Rosemary vous aussi ?
— Pas du tout, je n’ai pas la radio. D’ailleurs c’est rare de voir une radio dans un taxi, non ?
— Bah, c’est qu’on fait de la route, surtout quand on a des clients qui vous font traverser les trois quarts de la ville !
— Vous parlez de moi là ? Vous vous rappelez que votre temps vous est payé par mes soins ?
— Ah vous avez raison, M’sieur… (Il fit un genre de geste comme s’il clignait de la tête – c’était surjoué.) Alors comme ça vous partez en voyage ? Vous allez où si c’est pas indiscret ? En Californie ?
— Ah non, pas vraiment, même si paraît-il le climat y est le même? Non je vais en Europe, en France pour être précis.
— En France… répéta le chauffeur, qui resta alors longuement songeur…
— Heu, vous connaissez ?
— J’y ai été en France… pendant la guerre. Pas de bons souvenirs, je vous garantis.
— Je suis désolé.
— Pensez ! Vous allez à Paris ?
— J’arrive à Paris, mais je prends de suite le train pour le Sud, je vais en Provence.
— Connais pas.
— C’est le sud.
— Moi à Paris, j’ai bien connu une mignonne, dans le quartier des, enfin vous m’avez compris.
— Oui oui.
— Ginette.
— …
— Jambe-en-l’Air, qu’on l’appelait, la garnison.
— …
— Si vous voyez ce que je veux dire…
— Oui je crois avoir saisi le tableau. »
Ils étaient dans le Bronx. John dit au chauffeur de prendre par Throggs Neck (« Vous êtes sûr ? »), puis ils traversèrent l’estuaire de l’East River, prirent la voie jusqu’à Jamaica Avenue, selon les indications de John que le chauffeur mettait toujours en question, ne serait-ce que par ses moues dubitatives ou réprobatrices. « C’est parce que tout est un peu… instable ici, je n’aime pas bien fréquenter ces quartiers. » Des chantiers en effet masquaient, un peu partout, les berges, les roselières et les prairies humides qui avaient dû faire la fierté des chasseurs-cueilleurs que les Hollandais avaient fini par débusquer – et exterminer, c’est vrai.
Alors qu’ils s’approchaient de la gare, le chauffeur reprit la parole : « En France, quand vous serez en France, vous pourriez me faire une commission ?
— Heu, pardon ? De quel genre ?
— Si vous pouvez, vous pourriez faire un geste symbolique, pour Ginette, pour moi, Butler, ‘chanté, qui a aimé Ginette entre deux combats ? Je sais pas : un mot, une pierre, une branche… ?
— Oui Butler, je ferai ça. Moi c’est John. Vous avez un matricule ? J’essaierai de vous retrouver.
— Yes sir ! C’est facile c’est le code de New York-Wetschester, 10, et celui de Paris je crois, 76; 1076 ! Facile non ?
— Simplissime, eh bien je dois filer mais je vous remercie de ce beau voyage !
— Tout le plaisir a été pour moi, bon voyage Mr. John… John ?
— Panitza.
— Bon voyage M.Panitza. »

 

3. Paris-Marseille, 1953

Il fait froid, ce n’est pas qu’il fasse mauvais, mais le ciel est pâle et le vent est aussi piquant qu’humide. Le voyage a été horrible, comme d’habitude. Et trop long. À présent John prend une nouvelle navette pour le centre-ville. Le paysage est invisible, totalement embué. Lorsqu’ils pénètrent dans la ville, la brume semble encore plus épaisse. Panitza ne reconnaît aucune rue jusqu’à l’arrêt du bus.

À la Gare de Lyon, Panitza doit encore entendre deux heures le train de nuit. Il va manger dans une brasserie du boulevard Diderot (petit salé lentilles).
Il monte dans le train de nuit et s’éboule jusqu’au réveil, à Marseille. En principe on doit l’attendre, un employé des traducteurs du journal. Il descend les escaliers de Saint-Charles, longs comme le soleil qui y étire et maltraite le corps des voyageurs. Au pied des marches, une jeune femme l’attend, comme convenu, devant un réverbère. Elle porte un écriteau peint de deux lettres noires comme un emblème funéraire : RD.

« M. Panitza ? Je suis Catherine, du journal Je vous emmène directement, ça vous va ? Vous pouvez m’appeler Cathy. On va à Manosque, c’est là que vous vous arrêterez. Vous vous y reposerez et dans quelques jours nous irons trouver l’auteur. Mais nous visiterons le pays, si vous êtes d’accord dès demain. Vous avez fait bon voyage ? Vous venez de si loin ! Comme j’aimerais aller en Amérique ! Mais pardonnez-moi, je suis bavarde ! Nous nous arrêterons en dehors de la ville pour manger. Avez-vous faim ? »

 

4. Provence, 1953 : l’éclat

Panitza pose le premier le pied sur le plateau : des dalles naturelles coinçaient la route de toute façon, et ils s’arrêtèrent dans le petit large d’un champ qui semblait de pierres. Le soleil dardait, et le ciel n’était pas du tout pâle. Ni même légèrement rayé, comme à Marseille. Il était froid bleu soutenu, et la lumière venait enrober comme elle le fait le pastel des choses. Tout était éclatant, rembourré de lumière.

Devant une espèce de dorsale de calcaire, que caressait le houppier d’un chêne échevelé et noir comme un pubis, Panitza restait en admiration. Je suis au squelette du monde, pensa-t-il. Ainsi se vit-il, tout à coup, à des miles et des miles de l’établissement Prospero, de Bill et de Lucy.

 

 

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1 thought on “L’affaire Panitza, prologue”

  1. brigitte célérier dit :
    7 février 2021 à 13 h 47 min

    plaisir de te lire

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