Texte paru dans le recueil hommage à la librairie l’Iris Noir, Paris XIIe en mars 2017
Souvent posé là, posé là sans adresse, pourtant il trouve place : location, coordonnées, et nom. Ce sont de drôles de petites matières. Comme des serviettes trop usées, étendues dans les rues ; comme des placards éventrées, éventrés dans les salons qui reçoivent ; des assiettes non pas comme offertes, mais entamées, et délaissées.
Les colonnes n’en sont pas : érodés elles maintiennent leur regard juste, mais leur égard est tenace. Les murs pas plus : eux-mêmes laborieux, demeurent laborieux, soutiennent pratiquement tout ce qui du monde fait son envers — à savoir la joie doucereuse de l’inquiétude.
Petite forme blanche, mal adaptée aux roches ou aux ruisseaux, mal adaptée à la corrosion des villes, petit monde suspendu, comme un souffle, entre deux silences étourdis — celui qui prête-nom parfois et celui qui fait semblant d’y croire — entre qui tricote une énigme et qui ravaude ses secrets, quitte à débouler en faisceaux malades.
& pour le noir, on fond.
Noir est la dimension du pli, et le pli est puissant dealeur d’espace : recoins, interstices, intervalles sensibles et musicale échelles, siphons, spirales, intestins, et sourires à l’intérieur des bouches. Le pli est la couleur de l’ailleurs : portes, trappes, ganses ou blessures. Dans une pelote un univers.
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Je ne suis pas un grand ordonnancier, préposé aux messages : trop entamé dans ma chair par une seule de ces chaînes, je repasse, tranquille, chacun de ses maillons.
Et c’est pourquoi je souffle, lorsque je passe proche, à m’étourdir, oublier, entre eux. Et pas beaucoup de repaires, ou d’abris, plus sûrs plus sereins. Je m’allonge sous ces corniches, pochette de petites faces et poignées d’angles, et tout ce bouquet d’arêtes.
Et sans la maîtrise, ni même esclave, picore un peu à droite, à gauche, en haut et en bas, parfois, je dévalise les cernes ; mais finalement je marche, agrippé à la peau et, corde, tu me sers d’amitié.