1. Derrière chaque auteur : un auteur.
Derrière chaque main qui écrit une autre main. Une voix se forge à partir d’autres voix, une voix est un ensemble de modulations [corollaire : La voix] [corollaire : Le timbre] .
Tout comme l’enfant se constitue dans l’univers familier qui le contient, de même un écrivain ne s’approprie (lui-même) que par le détour par un autre, l’impropre.
Il n’y a pas de propre en littérature, car il ne saurait y avoir de propriété. Pas plus n’y a-t-il d’identité — ce n’est toutefois pas une simple épiphanie de la différence — pas plus que ce n’est une inutile palabre, une logorrhée ininterrompue qui n’aurait pour autre tâche que se défaire du sens. [corollaire : la langue des fous : Mais en ce cas, ce ne peut être non plus autre chose qu’un délire verbal, une langue de fous.
Revenir, car c’est l’un des nœuds de ce tissu.
Il n’y a pas de propriété car :
1. le langage n’est la propriété de personne, comme l’eau par exemple ; comme elle il coule, de bouche en bouche et comme elle il connaît plusieurs états.
2. la littérature ne peut s’évertuer dans l’identité, sans sombrer dans le fascisme (le délire d’un seul) ; [corollaire : Littérature et être : elle se heurte sans cesse à l’être — de fait, et elle lutte contre elle-même, disait Blanchot].
3. la littérature est l’antisomme (qui n’est pas que différence), l’assomme de deux gestes ni contradictoires, ni successifs, ni contemporains, tout à fait, la littérature c’est la lecture & l’écriture — et dans l’esperluette se tient tout ce qui excède la conjonction ET, la littérature c’est le lir&crire. [corrolaire : Lir&crire]
& chaque mot sur le papier est un mot qui existe.
& chaque syntagme, chaque phrase, est lue & écrite.
& chaque page se tient déjà dans un livre.
& chaque livre n’est aucun nouveau livre.
Derrière Platon il y a Socrate.
2. & derrière Pascal Quignard, il y a Maurice Blanchot.
& derrière Maurice Blanchot, il y a Jean Paulhan.
& derrière Jean Paulhan, il y a Paul Valery.
& derrière Paul Valery, il y a Stéphane Mallarmé.