Une série de textes waiting on a friend.
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Keith est un monstre dont l’encolure est bordée de cernes, de lames de rasoir, de vertes pulsions de courir. Son corps et son esprit ne sont plus séparés. Son corps est son esprit. Les tentations et les charognes, disposées à qui mieux mieux sur le parcours dudit, ont cet avantage de borner un territoire, et dans celui-ci, de jouer à sa guise.
On trace du pied aussi son chemin de croix ; comme une marelle, c’est dans ce cercle-là qu’on sautillera, puis de moins en moins, parce que tout de même, l’énergie aussi s’émousse, tous les électriciens vous l’affirmeront.
Comme corps et esprit ne font qu’un, cela entrave un peu la marche ; cela donne un air de guingois et aussi un ratatinement forcé lorsqu’il y a des regards extérieurs. Le Keith se sent bien seul, là où rien ne renvoie à lui-même, là où il peut se diluer totalement dans l’air ambiant.
Car le Keith, pour monstrueux qu’il puisse paraître, est timoré et furtif, il se planque derrière les bosquets amplifiés, il se roule sous un tapis, il se carapate sous un meuble aux encoignures dorées. Il n’aime pas trop être devant, il préfère n’être pas devant, plutôt derrière, mais un derrière qui n’aura pas de devant, un derrière essentiel. Il n’aime pas être dessus, il préfère n’être pas dessus, plutôt dessous, mais dessous qui n’aurait pas de dessus, un dessous totalement autonome.
Il n’aime pas être dehors, il préfère n’être pas dehors, plutôt dedans, mais un dedans sans limite, un éternel et infini dedans, sans aucune dimension autre qui vienne heurter son inherency, on se situe très nettement dans la catégorie des animaux à coquille intégrée, et la malacologie nous renseignerait plus sur le Keith que n’importe quelle encyclopédie musicale illustrée.
Comme la coquille (ou les coquilles) est (sont) intégrée(s), et qu’on maîtrise ce truc qui s’appelle étincelle, et qui est capable de te retourner tout entier comme un gant — ce qui n’est pas rien — on peut, nécessairement, faire un tour en ville. Parce qu’il s’avère qu’il y a aussi un monde hors-du-dedans, et que ce monde hors-du-dedans, quand on y entre, on peine à en trouver la sortie. Surtout que dans ce monde, on a une affection particulière pour les monstres…
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KEITH
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