Un texte de Pistes et sillages, une série de textes poétiques nés de l’écoute des préférés de la discothèque. Base d’improvisation, ou simplement paysage et divagation. Une anthologie.
Sommaire
Heureuse maison
Pourquoi ne pas se le dire : pourquoi ne pas en profiter.
Pour ne pas se l’avouer ?
C’est le pied. Le bonheur. La joie. La sérénité.
On vient là, on s’éclate, on est bien.
Pourquoi ne pas se le dire, se l’avouer ?
On vient, on entre, dans ce rêve, ce mirage. La maison heureuse.
On vient à un, à plusieurs, on vient on va, on entre, on sort, on ressort, on rerentre.
On n’a pas de souci, pas d’ombrage, pas de douleur aux mollets ou aux épaules, pas de grinçage, pas de fuites, pas d’effritement du corps comme de l’esprit.
Oh la maison est heureuse, ah oui.
Heureuse, ah oui.
Oh-oh oui.
Oh-oh oui.
Oh-oh oui.
Oh-oh oui.
Oui oh oui.
Oui oh oui.
Oui oh oui.
Oui oh oui.
Ah!
(Siffle.)
Tenant
Un serpent passe derrière la dune,
disparaît dans le gouffre de la réalité,
la perspective est une succession
de puits, personne ne sait
ce qui derrière.
Le rapport est présenté,
les murs ont des oreilles, tu te souviens,
dehors grondent les horizons de
la guerre, étouffés par le sable, ici.
Oh oui.
Oh oui.
La peinture se craquelle
de tes paroles de
ton visage.
Doucement.
Sables.
Grains de sable.
Milliers de grains et de grains de sable.
Que disent les gens de l’est, que disent les gens de l’ouest ?
Tenant, votre mission secrète.
Oh oui.
S’arrête ici.
Trophée
En avant. Han. Han.
En avant. Han.
Le château s’est éboulé dans la nuit. Une seule meurtrière,
Memento,
Brille au firmament de la tour esseulée.
Accrochez aux murs,
ses oreilles, ses paupières,
En avant. Han.
On reprend, ce bonhomme,
minuscule en la salle, devant
aucune représentation.
Les murs sourient.
Au mur, en avant.
Leurs paupières, leurs oreilles,
En avant, han !
Tralala lala lala.
Est-ce que vous avez un partenaire
dans ce labyrinthe insensé ?
Ne vous fiez pas aux murs.
Oui.
Crochez, accrochez vous à la pluie.
Vauchez, chevauchez votre effroi
Béliez, béliez tous ces murs.
Hybride
Dans le silence ronron du marché, la trombe
du convoi détonne.
Ici, vous ne m’avez pas oublié
vous m’avez ?
vous ne m’avez pas reconnu,
vous m’avez ?
Je ne vous en veux plus,
je vous ?
Je suis venu vous demander pardon
Je vous?
Il n’y a pas de solution,
s’il n’y a pas de règlement,
et vous n’avez pas d’étiquette,
on dirait des fourmis dont le pied
a rasé le ridicule monticule.
Ici, je ne sais plus vous dire ?
ne je vous ?
je n’ai pas d’annonce officielle à vous faire
ne je vous ?
Vous vous reprenez vos activités
vous vous
Vous vous remettez au boulot
vous vous
Dans le monde de limbes qui vous entoure
et que vous bavez à force
à force d’animal
Nous nous perdons la nuit
nous nous
nous avons perdu la lumière
nous nous
nous avons quitté la maison
nous nous
nous restons dans les limbes
nous nous
Ah-oh.
Cadran
Oh oh oh oh oh oh oh oh
ou-ha ou-ha ooh
ou-ha ou-ha ooh
aaah
ooh
aaah
ooh
tu vois c’est ça le temps
tu vois le temps te voit — ooh
Chameau lunaire
Des prairies de midi, égarées des
bas-fonds
Des boues des solfatares
oubliées sur une pellicule
Des silences hébétés sur fond
de vodka
faisandée
J’approche
Et voilà que ça tombe
comme du sable sur
des eaux vives.
Autant dire que
autant dire que
autant dire que
Autant dire que
j’approche
Christine
Pas facile de tenir, mais
pourquoi faire ?
Femme fraise
ouverte
explosée.
Chaque difficulté, une
nouvelle ève.
Femme fraise
ouverte
explosée.
Kaléidoscope.
Baisers du désert
Imagine cette étendue, étendue, et moi,
étendue.
Imagine toutes ces vaguelettes
de sable.
Et n’imagine pas venir lécher
par la bande,
les dunes de l’océan.
Ce n’est pas ça
et ce n’est pas moi.
Mais viens,
viens parcourir ces milles et ces milles
viens fendre fendre
Tu verras
plus de douleur
n’imagine pas
descends
allonge
descends
le monde est fin
et sans âpreté
Viens.
Lumière rouge
Grimaces des formes derrière
la grille face au feu
Qui inonde les formes
les piège et dénude
La grille face au feu
Face au feu
Coulant
Coulant
Piège dénude
Le portrait
se prostitue.
Endroit paradisiaque
Si tu regardes ces collines, mec
est-ce que tu vois mes yeux ?
Est-ce que tu vois que tu ne comprends pas ?
Tout ce que je bouffe de rose
est de la viande hachée
Est-ce que tu crois que tu ne comprends pas ?
Qu’est-ce que tu vois
La radio derrière
Qu’est-ce que tu vois
La radio
Qu’est-ce que tu vois ?
La radio
Derrière.
Peau
Sans poils et profilé
ou marquée de coups
de traits ou de soleil
Ce n’est pas suffisant.
Donne-moi ta peau.
Je m’habille du sang
de l’odeur
de la mort.
Donne-moi ta peau,
Que je sois sale,
Donne-moi ta peau,
Coupable,
Donne-moi ta peau,
pour danser.