Alain Bashung, mort, ne pourra pas rétorquer avec élégance, par son art, à la provocation des tentacules du système, récemment rendu à ses pieds pour cause de maladie.
Le texte, d’abord, répète Jean Fauque, et depuis on se demande si Bashung n’est pas la poésie même. La poésie sonore, la poésie quand on l’entend – là où elle est beaucoup plus efficace et qu’elle s’assume telle, que lorsqu’elle reste poussiéreuse dans les livres.
La poésie, parce que Bashung, n’est certes plus Bashung, à la fois fils des grands auteurs des années cinquante, mais aussi du statut difficile de « rock star » des années soixante et soixante-dix, Bashung n’est plus que Bashung. Bashung incarne le travail d’autres personnes, Jean Fauque et des tas d’autres avant : c’est moins en tant qu’auteur qu’interprète que Bashung incarne la poésie. La poésie musicale contemporaine. Celle de Rodolphe Burger, Christian Olivier, Dominique Ané. Ils ne sont pas cinquante. Derrière.
Bashung est l’arbre qui ne cache que le désert.