Une suite de textes (à ne pas confondre avec Martin à la mer) sur le philosophe en vacance
1–2–3–4–5–6–7–8–9–10–11–12
Il a fallu passer par là
le train, la poussière
le fracas, le contact
et puis l’eau et le soleil
Mais le résultat est là.
Deux cents feuillets jetés
aux crabes
et cent de mieux réhabilitent
La maison.
Ailleurs.
Il faut quitter.
Pour revenir.
La dame ne l’a plus vu, une fois la valise bouclée il s’est hâté vers la gare. Il s’est juré de revenir. Il a inventé la vacance d’esprit (Geistesabwesenheit), comme une espèce de chambre forte (Tresor), ou mieux, d’antichambre de ce qui risque de se produire (Veranstaltungvorzimmer). L’écriture risque de se produire.
Aussi toujours quelque chose est possible, pour autant qu’on lui laisse la place, la place réservée, la vacance.
Telle est l’invention de l’été, son échafaudage laborieux – sa fragilité d’insecte-instant.
Être ce n’est pas être en continu, mais en pointillé, le simple fait de la mort comme du sommeil en attestent. Ces vacances – naturelles – servent à ressourcer le moteur. Dans notre vie sociale et économique, dans notre vie intellectuelle, nous autres humains, qui n’avons pas la main sur les saisons ni la course des astres, nous pouvons toutefois aménager ces plages dans l’ordre du langage, c’est-dire dans l’ordre du récit et du poème, c’est-à-dire dans le mot.
Telle est la plage que j’ai entrepris d’écrire.