Une suite de textes (à ne pas confondre avec Martin à la mer) sur le philosophe en vacance
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Le lendemain de la soirée chez le podestat, la poisse : la gueule de bois.
Le philosophe a pensé que se baigner dans l’eau fraîche (sinon pire) produirait une espèce de choc sanguin qui le guérirait instantanément.
Il n’en fut rien. Nager, même, les jambes froides, relance le mors de tête.
Il se résolut alors que seul le soleil le plus piquant, celui du zénith (qui approchait) serait le seul à même de l’apaiser, de dé-tenir les tenailles.
Pas de Traminer de 13h ce jour, quand les autres se dirigent nonchalamment vers le primo piatto-secondo piatto-contorno-dolce-e-caffé, le philosophe reste comme une tortue sur le caillou. Il néglige les attentions et balaie les invites, il explique qu’il dort un peu.
Sur la pierre, dont il a conservé la surface moins brûlante pour la cure sous sa serviette, c’est tout comme s’il agrafait chaque blessure, chaque point de la douleur, chaque nœud, chaque bleu du corps et de l’esprit de manière à l’arracher en fin de cuisson, à l’abandonner au cul de la fonte.
Il devient la tortue. C’est comme s’il pénétrait la roche, ou que celle-ci en quelque sorte le tamisât, tamisât son corps, tout son être.
Lorsque après s’être endormi, il put constater l’étendue des dégâts du soleil, le mal de tête, en effet, était passé.