Entre, dit-il, et de suite parle. « – Ce que je te demande pourtant est simple, ton rapport à la vie, comment en tirer quelques mots de sorte que tu parviennes à faire de ces mots un livre ? Ton rapport à la mort, à l’amour, si on veut, mais il y a plus : à la guerre, aux femmes, aux hommes qui t’entourent ; au café ; à la rosée du matin ; au corps ; au feu ; à l’âme ; à la pensée ; au monde comme il va ou ne va pas ; à la politique ; à la géographie ; à la biologie ; au sang ; aux hommes ; au travail ; aux automobiles ; au silence, etc. etc. etc. etc. etc.
« Un roman quoi ! »
Mais je dois pour cela être ce que je trahis, ou trahir ce que je suis ?
« …aux araignées, aux cigarettes, au ménage, à la nourriture, à la maison, à l’alcool, au voyage, aux pays lointains, à la solitude, aux femmes, au jeu, à l’argent, au travail, à la solitude… »
Je suis né à la fin des années 70, mais je suis fils des années 80. J’ai eu une enfance mémorable, mais si j’étais heureux, j’étais globalement déçu : par le monde, par les gens, par la famille, par la France. On grandit en se forgeant, on forge une idée de nation en grandissant, et le système, l’administration, l’Etat de l’époque m’ont déçus. Ce n’est pas mieux aujourd’hui.
« …à l’enfance, aux femmes, aux femmes qui sont des mères, à la mer, au voyage, au travail, à l’argent, à la terre, aux fleurs et aux bêtes, aux routes isolées, au grèves, aux livres, aux prisons et à la mort… aux punitions… »
Aujourd’hui encore avons-nous internet et la musique. Nous autres étions des nécessiteux culturels… Avides de tout, et de sorte, greffés à la télévision.