Descendre du train et s’y remettre
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Déserter.
Stop, repartir, souffler, repartir encore.
Comme des longueurs dans le bassin. Marcher.
Marcher encore, revenir, repasser par les mêmes rues, les mêmes avenues, traverser les mêmes « passages cloutés », gaz à tous les étages, le ballot sous le bras ou dans le dos, sentir le dos, sentir les pieds, on dirait des briques, tu repars, remarches, vers quoi, et où ?
Affronter le silence et la solitude, tu dois venir ici pour ça, te caler dans ce café – au fond on a le « Wi-Fi », pas sur la terrasse.
Et tout change, mais tout ne change pas, en réalité, il n’y a que toi qui change comme dans le train, lorsque tu aperçois une ombre au loin puis tu la croises, c’est une maison ou une usine ou un tas de merdes ou peu importe, mais tu la croises, puis tu l’as croisée, puis tu ne la verras plus jamais, voilà ce qui change, c’est que toi, tu te déplaces, tu te dépasses, tu accumules chaque jour un peu plus de désir d’en finir, un peu plus tu allonges la route en toi qui raccourcit la route, chaque jour tu t’étonnes moins, mais voilà, dans la torpeur du mélange, dans le silence et le noir du voyage (rien à penser), tu t’assoupis mais le train s’arrête, c’est la gare et il te faut
descendre,
descendre du train et s’y remettre.