et une fois de plus en suspens tu laisses aller au silence les humeurs qui se sont formées en petits essaims fuligineux dans le passage d’une rue ou le reflet d’une nuit.
Il faut écrire beaucoup pour écrire peu, j’ai déjà entendu cette phrase quelque part, elle revient quand je fais le constat, écrivant dans le 49e carnet d’écriture qui s’ouvre que décidément non, je ne manque pas de textes. J’en ai peut-être même un peu trop, je ne sais pas, mais quoi qu’il en soit, il faudrait parvenir à se relire…
(Souvent je ne parviens pas à me relire, tant l’écriture est rapide et mauvaise ; d’autres mots alors remplacent les pages de mouche dans ma tête, et cela ne finit plus.)
J’en avais, du texte à revendre, qu’à se baisser, peut-être si je travaillais plus méthodiquement… ou moins méthodiquement ? J’en étais là de ces considérations quand je réalisai, tout à coup, que j’écrivais dans le 49e carnet. Et si c’était le dernier ? Et je réalisai, tout à coup, que l’œuvre de Volodine s’arrête au 49e livre. Il nous l’a redit à Fontainebleau – où la chambre 49 est la chambre type aux roses bleues…
Qu’à se baisser donc, et pourtant ce n’est pas comme ça que je ferai. Plutôt je laisserais décanter. Je laisserai s’évaporer au soleil sur la terre cuite la goutte, déposant son auréole blanche de calcaire ou de sel.
Ça suffit maintenant. Il faut laisser reposer.
J’en étais là de ces considérations, à l’ouverture du carnet et, contemporainement, de l’année (non pas l’année vulgaire qui débute un premier de janvier, mais à l’orée de la fête de l’ours, dans la nuit du 1er au 2 février, mais enfin, d’une période assez longue, une fois n’est pas coutume, sans avoir à courir, à la maison, tranquille.
Bon la maison a dû être nettoyée à cause de la suie qu’un incendie qui a ravagé un appartement au-dessous a vigoureusement délavé dans tout l’immeuble. Mais j’en profitai pour ranger la bibliothèque (tant qu’à tout nettoyer…).
Et j’en étais là de ces considérations qu’elle est arrivée, la grande décantatrice.
Je fermai le carnet…