Arrivé à trois heures chez moi, j’ai dormi jusqu’à neuf heures, où mon ami N. est venu me retrouver. Il avait sa cornemuse et son cistre, nous sommes partis sur le col de Valouse ; il voulait jouer en plein air.
Le choix fut deux fois bon car il y avait des rafales de vent qui rendait magique la scène et étouffait tous les bruits susceptibles de déranger nos chers visiteurs estivaux, et puis nous étions sur une hauteur, à portée de main de la lune, qui visible alors, était quasi pleine.
Les instruments ont sonné comme jamais, comme étonnés de se retrouver pris dans la bourrasque, même fraîche, les herbes ployaient sous les vents, la lune semblait frémir. Nous avons puisé en nous des nœuds d’enfance que nous retrouvons à chaque fois.
Puis nous avons fumé des clopes et, une fois rentrés, nous avons bu des café jusqu’à quatre heures du matin.
Deux nuits presque blanches, valent non pas pour l’exploit imbécile de ne pas dormir ou de dormir décalé, mais pour la pâleur de la lune et qui nous revient dans les yeux, sous la forme d’un souffle d’air qui a la consistance d’un caillou qu’on ne lâcherait pas et qui s’appellerait l’enfance.