Ce à quoi on renonce, quand on renonce à la ville.
A l’entrelacs des relations.
Ce à quoi on renonce en désirant être seul, se retirer. Ce à quoi on renonce en préférant le silence.
Mais ce qu’on y gagne… La rencontre par la marche ou la contemplation, du dehors. L’expression de ses morts. Le pansement. Ramasser la sarriette, le romarin. Grimper mille mètres pour cueillir la lavande fine ou l’absinthe. Se trouver là-haut, soudain prenant conscience qu’on a pu arriver là.
Donner la place au présent. A la présence, qui étiole l’avenir, le rend ferme, le rend possible, dégonfle sa baudruche.
On renonce à l’incendie permanent. A l’inondation continue. Ce n’est pas possible. L’eau, le feu, ne durent pas. Il faut saisonner.
La vie est une vague, une respiration. Rien n’est toujours partout. Ni la mort, qui n’est pas, ni le temps, ni l’espace. On coupe, découpe, sépare.
Ni l’amour, ni le sexe, ni la faim, ni le froid. Ils ont leur moments, leurs cadres.
La vie est un paquet de cigarettes, et elles y sont nombreuses. Dans ces conditions, en effet, fumer tue. Mais pas pour les mêmes raisons telles qu’indiquées sur le paquet.
Rien ne s’écroule constamment ; rien ne tient suspendu.
Dans le silence — malgré quelques bruits — c’est à soi qu’on tait.
Photo : © Alain Bertrand. Les Microdons sont des Diptères (ordre des mouches) dont la larve (photo) parvient à investir les fourmilières pour dévorer leur couvain, en sécrétant des substances qui sont agréables aux fourmis qui vont les choyer. La larve et la pupe sont à ce point étranges qu’on les a prises dans le passé pour des crustacés (comme les cloportes par exemple).