Chaque veille était comme une chance, un hasard, d’ajouter à la vie tout un réseau de tunnel et galeries entre rêve et réel, un peu comme entre deux textes nos liens. Qu’importe dans ces conditions, le fait de ne pas dormir, d’être inapte à la vie professionnelle, incapable de « travailler » le jour ?
Catégorie : Continue poésie
Queue d’orage
Il y a eu du tonnerre, des éclairs, tout un bordel fumant, puis voilà, c’est la pluie, la pluie qui n’en finit plus, une pluie fine et continue, qui pénètre peu à peu tous les pores de toutes les cloisons, murs, pensées, peaux. Nous arrivons trop tard. C’est la queue de l’orage, cette longue traînée…
L’opticien
Tenu secret, dans l’alcôve aux poutres vierges Presque aveugle lui-même à force d’user ses yeux Le juif n’errait plus, mais polissait des lunes de verre… O vous qui m’avez chassé jusqu’au timbre du nom A ne plus observer les insectes dans la lumière Et mépriser les mauvaises herbes qu’on piétine Il y a un personnage…
Dissoudre
Les choses passent. Comme passent les choses ! « Parvenir à se dissoudre », c’était la rengaine d’une chanson un peu facile… mais parfois, printemps faisant, je parviens à des états d’extrême asthénie, des moments d’une profonde indifférence à tout. Et ce n’est ni l’ennui, ni le dégoût, ni l’angoisse, soyons clairs, non, c’est un état proche…
Chaque texte le dernier…
Chaque texte le dernier, comme si se fut inscrit, comme un paraphe dormant, sous chacune de ses failles, au pied, le précepte faussé. Je n’écrirai plus. Comme si, roulant sur la marge, comme un feston de silence, abasourdi ou inquiet, le texte portait en lui le jaillissement de sa limite, entendue comme gouffre pariétal, là…
Le premier cri
Comme chaque nouvelle saison, le poète natal, bu jusqu’à la lie, recrache dans l’air devenant bleu – mais bleu pas encore tout à fait – ce cri mémoire, ce cri brèche, ce cri déchirure et anxieux ! Le martinet noir est revenu, dans sa toge de deuil, il ramasse nos espoirs étourdis, alors qu’à présent…
L’eau est froide
L’eau est froide quand « tu la rentres », c’est un mur transparent ou bleu turquoise, selon. La roche grise, les cailloux blancs de Lez t’éclaboussent tout autant. Mais c’est en pensant à la yeuse qui surplombe (tu disais toi-même qu’avec ses deux racines dans le vide « elle avançait ») que tu te laisses prendre par le courant…
Traîne lasse
On a sauté le fil sensible des âges. On a regretté venir. On a pleuré aussi. On a ri. Elle, étale, choisissait les nuages. L’autre, en est venu(e) aux mains. Les livres témoins impossibles aux écornures enflées, non. Les chiens halètent ou aboient, selon l’humeur de la lumière. L’écho désigne le vide, le souligne, le…
Elle se reconnaîtra
ça, ça, là… je veux… il faut… je ne sais pas comment dire cela, et je n’ai pas particulièrement envie de le dire ; mais le rendre, comme un hommage que l’on tient, mais en l’intime et le secret, une nuit aux draps de lune, une nuit aux doigts de l’autre… des empreintes vénales, des…
L’œil et la route tournent ensemble
Je conduis beaucoup, et beaucoup trop à mon goût. Autrefois, plus jeunes, j’étais tellement heureux de prendre le volant, cela nous dérivait des lieux propres, nous promettait tant d’aventure ! Partis à 18 ans avec S. en Bretagne, 2000 km d’asphalte, vers des déserts de Creuse, des Vins blancs de l’Ile de Ré et la…