Suffit sa peine, volume 2_ C’était il y a quoi ? deux ans à peine. Une première série de microfictions intitulée Suffit sa peine, écrite quotidiennement et en trois paragraphes. Ça aurait pu continuer, ça s’est arrêté.
Mais l’idée, l’idée d’écrire dans la tension du quotidien, elle revient, et elle revient fermement, elle est bien attelée à sa selle d’idée. On essaiera donc, si on le peut, chaque jour, de poursuivre le destin de ces personnages en butte à la réalité, ou plutôt dont la réalité est en butte au réel. Puisque c’est ce qui est cherché ici : que la fiction est partout.
Suffit sa peine 102
§ « La neige a recouvert de son manteau blanc les étendues serviles. » « La neige, en son alerte, éveille et endort, excite et apaise, à la fois. » « La neige est magique, elle déplace les montagnes. » « La neige, ce silence brisé en flocons. »
§ Non — dit-il, rien ne va, on n’écrit pas comme ça, on n’écrit pas sur la neige. Et il referma son cahier neuf, la première page, toute blanche, déjà raturée, puis déchirée, son ignominie soustraite à la vue du Réel, qui se passionne de belles-lettres comme on le sait. On s’efface, quoi.
§ Dehors, déjà, on ne distinguait plus les formes du quotidien.