L’appartement était spacieux, assez vide, et blanc sur tous les murs. Le plancher était orné de fine marqueterie. Il y régnait une chaleur épouvantable.
A peine entrée, Maud se dévêtit. En plein hiver, sa nudité était moins insolente que la chaleur.
Nous avons pris un verre ; moi, de l’eau. Elle, de l’alcool, mais de l’alcool fort, du whisky ou de la vodka.
La musique, soudain.
Cette musique (il faut le temps de l’entendre) :
Doux, mais tout de suite brutal. Et de plus en plus fort. Excessivement fort. Insupportable.
Tout m’exaspère. Je demande : « Auriez-vous l’obligeance de me donner un autre verre d’eau, s’il vous plaît ? ». Je crie presque. Puis je hurle tout à fait : « UN VERRE D’EAU, ENCORE ! ». Elle est comme stupéfaite, ailleurs. La chaleur, la musique ou sa nudité. Que sais-je ?
Puis les gens entrent, des gens de toutes sortes, des vieilles avec leur sac à main, des chiens peut-être aussi. Maud est partout.
Un groupe de trois danseurs m’exaspère aussitôt. Tout m’exaspère. Je me mets à hurler, hurler, hurler, hurler, hurler.
Je n’ai pas eu mon eau.
JE N’AI PAS EU MON EAU ! « JE N’AI PAS EU MON EAU ! »
Le plus jeune est tombé le premier.
Il m’exaspère. Il m’exaspère encore plus recroquevillé, hoquetant, sur le plancher de marqueterie fine.
J’explique mon désarroi par de grands coups de pieds dans ses flancs.
Je n’ai pas eu mon eau.
Je.
N’ai.
Pas.
Eu.
Mon.
Eau.