L’auberge, via Constanzi, possède, malgré de nombreux autres désagréments l’insigne avantage de surplomber, littéralement, la ville, le port.
(Ce qui n’est pas une mince affaire à Gênes. Ce qui est néanmoins le lot de la dernière frange des édifices – bien que chaque construction surplombe de fait une autre construction. Sauf la Sopraelevata, sans doute, ou sauf les moles, plutôt.)
Je ne sais pas à quelle altitude nous sommes, mais du fait de la baie du port, pratiquement cercle parfait*, ville, mer et ciel se partagent presque équitablement le paysage.
A l’étage de mon lit supérieur, contre la fenêtre, en me penchant un peu, je constate que je suis haut de huit étages (alors qu’au troisième en vérité). Mais au regard de la note précédente (2948), cela ne signifie rien.
Par contre j’observe, comme sur la carte, l’inadeguenza du plan pour comprendre cette ville.
Je vois bien le port, le Bigo, l’aquarium, les môles, les silos. Les choses communes. Mais une fois le regard remonté vers moi (les yeux), les espaces se cherchent, se chevauchent, se mélangent.
La principale « viabilità » que je distingue est la Sopraelevata, cette magnifique horreur autostradale qui longe le bord de mer ; il y a bien quelques débuts de ces descentes (ou montées : « salita »), scarciatoie qui permettent de rejoindre la basse ville, comme la Bernarda, mais c’est dire qu’elles sont vite étouffées de pierres.
Un autre incessant viavai de voitures, trainées blanches, trainées rouges, de nuit, semble m’indiquer une artère importante, même si, comme pour les autoroutes vues du bas, on n’en identifie qu’une infime portion (un tratto : un trait).
(Désigner la ville de Gênes en terme de formes géométriques simples : traits, lignes, cercles, s’inspirant des traités de Giacometti ou Michaux pourrait être une partie importante de notre travail.)
Mais je n’ai toujours pas identifié cet axe, peut-être le Corso Firenze, ou bien la Via Napoli. Quoi qu’il en soit, qu’il porte un nom de ville (italienne de surcroît), n’est pas tout à fait un hasard.
Je ne crois pas au hasard. Je ne crois pas au hasard qui serait un dieu catastrophique ou providentiel.
Il n’y a pas de hasard, il n’y a que la manière dont on se donne au jour présent et la bonne foi, ou la bonne humeur, face aux événements, les plus tragiques soient-ils, de la vie ; en un mot, en tout situation et en tout paysage, notre faculté à l’hospitalité (i.e. bien entendu dans les deux sens du mot ‘hôte’).
Voici la nature (et le motif) de l’architecture génoise.