Où l’on apprend que…
§ Les mains quand elles sont sèches • frottées l’une à l’autre, produisent un son magnifique. Ce son est indescriptible. Il s’apparie au vent, mais aussi aux rivières, et au vertige de la pensée.
§ Les mains de Thelonius Sphere Monk savent une musique qui nous est inédite, en permanence. Elles s’apposent au silence, en tirent la sève-le rythme, la syncope. La claudicante • sur laquelle déposer ces revers de mélodie. Les mains de Monk, ce sont des elles qui façonnent le dedans de la musique. Le son quelles produisent est inexprimable. Il s’apparie aussi aux rivières, au vent, et au vertige de la pensée.
§ Keith Richards trouvait normal que Chuck Berry ait développé son style singulier : ses mains étaient deux fois plus longues que les siennes. Celles de Keith Richards aujourd’hui sont percluse d’arthrose, on ne frotte pas l’électrique barré impunément. En s’efforçant, il n’a jamais pu faire grandir ses mains, mais les cals sont devenus des boules qui éloignent encore un peu du manche. Comme si c’était dans ce hiatus, cette distance, cette timidité (comme les branches hautes de deux arbres font), qui permettait de faire la musique. La musique, on le sait, c’est le silence. Le son que produisent les mains de Keith Richards est inextricable. Il s’apparie aux embâcles sur les rivières, aux interstices qui font chuinter &gémir &suinter &siffler le vent • et au vertige de la pensée.