Il ne faut qu’un sujet à un ouvrage ordinaire mais pour un bel ouvrage, il faut un germe qui se développe de lui-même dans l’esprit comme une plante.
Le goût augmente la mémoire il y a la mémoire du goût; on se souvient de ce qui a plu. Il y a aussi la mémoire de l’imagination on se souvient de ce qui a charmé.
Nous ne prenons plus garde dans les livres à ce qui est beau ou à ce qui ne l’est pas, mais à ce qui nous dit du bien ou du mal de nos amis et de nos opinions.
Il faut que les mots naissent des pensées, et que les phrases naissent des mots.
Pour bien écrire, il faut une facilité naturelle et une difficulté acquise.
Quand la fiction n’est pas plus belle que le monde, elle n’a pas droit d’exister. Aussi ces monstruosités existent dans la librairie ; on les y voit pour quelques francs, et on en parle quelques jours ; mais elles n’ont pas de rang dans la littérature, parce que, dans la littérature, l’objet de l’art, c’est le beau. Au delà, est l’affreuse réalité. Si, oubliant l’ancien précepte : « hors du temple et du sacrifice, ne « montrez pas les intestins », les arts tombent dans son domaine, ils sortent des limites et sont perdus.
Ce qu’on commence et qu’on n’achève pas sert de pierre à quelque autre entreprise.
La poésie construit avec peu de matière, avec des feuilles, avec des grains de sable, avec de l’air, avec des riens. Mais, qu’elle soit transparente ou solide, sombre ou lumineuse, sourde ou sonore, la matière poétique doit toujours être artistement travaillée. Le poëte peut donc construire avec de l’air ou des métaux, avec de la lumière ou des sons, avec du fer ou du marbre, avec de la brique même ou de l’argile : il fera toujours un bon ouvrage, s’il sait être décorateur dans les détails et architecte dans l’ensemble.
Les vers ne s’estiment ni au nombre ni au poids, mais au titre.
Plus j’y pense, plus je vois que l’esprit est quelque chose hors de l’âme, comme les mains sont hors du corps, les yeux hors de la tête, les branches hors du tronc. Il aide à pouvoir, mais non pas à être plus.