Aujourd’hui la mer s’est retirée.
Assis dans le vent, sur le promontoire, à scruter le vide
je me rends compte, par le jeu des lumières du couchant :
la mer la mer
la mer s’est retirée
ce n’est pas la mer cet argent qui m’éclaire
c’est le glacis du fond de la mer
En regardant de plus près en effet, je vois les bateau sur le flanc,
les déchets accumulés, la vase et le guano
les poissons les méduses les crabes
tous les êtres morts, étendus, comme s’ils
dormaient
Je vois les ancres, les poutrelles de bois
les débris de coques et de roues et de mats et de voiles
et même des remorques, des voitures, des camions
Les corps méconnaissables de pirates oubliés
Une bibliothèque
Les coffres, les malles, les armoires arrachés
Le fond toujours plus pressant
et tout au fond du fond
encore la ville
encore
la ville