Aujourd’hui la mer est noire, mais on sait déjà, dès l’aube, que c’est une impression, du cinéma. Le soleil arrive déjà, il percera la mélasse et fermera le vent.
Leika et Spin sont déjà là quand j’arrive. Sous la pergola ou la tonnelle, je ne sais jamais, ils ont déjà dressé la table. J’amène la bresaola, et Spin s’est chargé des fèves et du sarde.
C’est le printemps, un de ces accrocs dans l’hiver. On le sait, déjà, dès l’aube. Il y a le trille d’un rossignol, qu’est-ce qu’il fout là, dans l’aube au ciel noir ?
Il y a deux ou trois fleurs dans ma rue. Pas de quoi s’exciter, mais quand même. Dans la dernière courbe, j’ai même vu une vesce. C’est le printemps je vous dis.
D’ailleurs les fèves sont là pour ça, nous faire sentir qu’on bascule ailleurs, qu’on a changé de registre, qu’on passe la marche supérieure.
On le voit chez Leika, qui a tombé une couche. On le voit chez Spin, qui sourit. On forme un drôle de couple, tous les trois.