Aujourd’hui la mer se cache derrière un voile d’eau.
Par endroit des trouées de soleil comme si… une présence… mais non, rien. Ou alors si, la jambe ridicule de l’arc-en-ciel.
Les fleurs si présentes du jasmin (le blanc), si cultivé dans les jardins ici, dégagent un parfum capiteux, sucré, acide qui m’écœure ; outre qu’il est décidément trop puissant pour une seule personne, il me fout une tristesse innommable ; un peu comme un escargot écrasé, ou un truc bien pourri.
(Ça m’évoque le chèvrefeuille sur la terrasse, dans la cour plutôt, chez l’ami Giroz ; tout est tellement trop concentré en un point ; trop de lézards qui se battent, trop de parfum de chèvrefeuille, trop d’escargots dans les déchets de cuisine ; les petites laîches, qu’il a ramené de la Cordillère parce que le paysage autour d’elles lui plaisait, appelées comme témoin, se retrouvent engoncées là, coincées, très impressionnées par ce manque de vertige…)
Il y a deux villes, l’une se regarde dans l’autre, il y a une nervure, une pliure dans la ville, et souvent, je préfère rester accroché en haut. Je fais mes courses rue Carbone. C’est l’une des rues les plus anomales du monde, et pourtant j’y suis bien. Petit pain, petits légumes, en plus il y a la poste, le bar, le tabac, la vue… et le petit parc où je planque la bagnole.
C’est un peu comme si le type qui rêve en toi réfléchissait au type diurne, en se disant, tout est trop net, trop continu, trop absurdement logique. Tout est trop… éveillé ! Parfois je reste dans la ville haute, celle de lumière, mais celle de la nuit pourtant. Tout en bas s’étendent des millions de mètres cubes de ferrailles et de mains laborieuses. Ils croient travailler. Toute la ville basse croit travailler. Croit en quelque chose qu’ici, sur les hauteurs, nous avons du mal à percevoir l’existence. Parce qu’en somme ici, sur les hauteurs, nous avons du mal à percevoir l’existence.