Aujourd’hui la mer, je l’ai confiée à T.
On m’appelle dans les montagnes, là où la mer prend sa source. Ce sont de longues journées, avec encore de grosses plages de neige, des glaciers et tant de ciel bleu. Tout ce qui faut pour une mer, et tout ce qui fait défaut ici en mimant la mer.
En somme je suis dans un paysage négatif. Tout ce blanc, tout ce bleu, pourtant.
Et je me fais cette réflexion, je la ferai encore.
Une goutte, une simple goutte, qui choit lourdement à terre, et se perd dans son centimètre carré de poudre de terre. Disparue.
Et une autre goutte, puis une autre.
Des tas de goutte, comme des pluies, des averses.
Comme on a eu l’autre jour.
Et puis ces rigoles, qu’on aurait pris pour des canyons de fourmis, des fissures dans le sec de la planète, en fait, se remplissent d’une eau colère, d’un eau blanche qui dévale en gueulant les collines où elle s’écrase.
Et ça partout, toutes ces gouttes, ramassées en toutes ces flaques, puis tous ces ruisseaux, ramassés en toutes ces rivières, pour venir nourrir la mer.
Toutes les rivières, tous les lacs, tous les fleuves sont la mer. Toute l’eau de la terre est la mer.
Toutes les larmes sont la mer.