Aujourd’hui la mer, une croûte qui se décolle, laissant voir, au fond, une marge rougie de sang.
C’est le jour du sang. Alors on y va à 7h, histoire de vite passer au cappuccino. Une femme est là, déjà. Elle fait tout un cinéma. Je dois faire la créatine, mais je viens de petit-déjeuner. L’autre : ah bah normalement c’est à jeun… mais bon, je dis ça… je suis pas médecin… je dis ça aussi parce que je travaille ici, mais pour moi c’est ok.
Je dis pas que j’ai eu la diarrhée toute la journée d’hier. Mais c’est sûr que les chiffres vont être faussés. Mais enfin, moi aussi, des fois, je voudrais dire, devant la vie, les morts, les amours perdues : « je dis ça, je dis rien » cette expression qui vaut pas un kopeck.
Par contre j’adore dire « je viens faire le sang ». Je le dis : « Je viens faire le sang. » Elle me regarde avec une grimace. Mouais bon, vous êtes déjà venu ? Chaque année. Et aussi la borélie. Oui. Ah bon. Eh oui. Attendez.
L’infirmière me fait le sang. Il y a bien des gens qui disent « faire l’essence ». Je lui dis qu’il est bien noir. Elle confirme. C’est comme un secret entre nous, à présent. J’ai le sang noir.