Aujourd’hui la mer est très bizarre : elle est plate , à peu près comme la terre qui la ceint, elle est plane comme une prairie, et elle est fine aussi, comme une fine strate d’herbe. Je marche dans une mer qui n’avance pas.
Et puis du sable, du sable qui ondule comme une espèce de mollusque de sable, sur des dizaines, des centaines de mètres.
Je suis venu voir la famille à la mer… l’autre mer.
C’est fascinant de voir la même mer (parce qu’en vérité, je vous le dis, on n’a jamais qu’une mer) sous un visage totalement différent. Moins salée, plus chaude, d’autres poissons (des soles ? des tellines ?). Je suis là, tout endolori, ou plutôt gentiment tuméfié (confortably numb) par les évènements, la famille, les lieux, je marche dans la mer, à trente mètre du rivage, l’eau ne noie pas mes chevilles, je ne sais pas nager ici, j’avance, et je vois au loin l’immeuble (le seul gratte-ciel de la ville, des années soixante, droit dans l’axe), et peut-être, qui sait, on dirait des mâts qui se balancent, deux ou trois, à son pied, loin loin.
Il faut trouver où ça fuit.