Aujourd’hui la mer est encore là.
Parfois, revenant de je ne sais où (et qu’est-qu’on s’en fiche), où j’étais je ne sais combien de temps (idem), j’ai toujours peur qu’elle ait disparu. Invece, non. Elle est là. Je la salue à peine.
On a toujours eu ce rapport un peu distancié, un peu snob, un peu de stronzo.
Je l’ai vue, j’ai senti sa présence, je l’ai même vue, je répète, mais bon, ça va, je ne vais pas aller à la Bouche de l’Âne au milieu des clowns parce qu’il y a un rayon de soleil et que je ne l’avais pas vue ces derniers jours. C’est une forme de notre respect mutuel. Sache que je sais, etc.
À part cela, en fin de journée, nouvel examen, les yeux cette fois.
Dans les viols les plus sordides de la ville, une opticerie sociale. Ben voyons. Qui y va ? Les pauvres et les étrangers, et les râclures et les prostitués, non parce que c’est trop léché. Les bourges non parce que c’est trop un bouge. Bref.
Moi, j’y vais (c’est donc que c’est pour moi, et comme évidemment je n’ai rien d’unique, une clientèle existe), et c’est un peu la débandade. Je n’arrive plus à lire un ivre, il devait bien y avoir une raison. Pour 40 balles non déductibles, le type me fait deux verres sur le champ, je choisis une monture (parmi un choix de… une monture), la plus bête qui soit, et le tour est joué.
Je vais sur l’Arsenal. Je bois un verre. J’y pense soudain : je mets les lunettes. Et qu’est-ce que je découvre tout à coup ? La mer.