Aujourd’hui la mer pleure ses morts.
Tous les 1er novembre, j’accompagne T et L au camposanto. Elles y ont des parents, des amis. Moi qui ne suis pas d’ici n’y ai personne. D’ailleurs je n’ai personne nulle part, sous la terre. Alors je les accompagne. Pendant qu’elles fleurissent leur mémoire, je navigue entre les tombes, les mausolées, les caveaux richement ornés.
Ornés surtout de noms. J’en connais deux ou trois : un révolutionnaire, un auteur-compositeur, un révolutionnaire raté. Je les salue volontiers, mais je vois surtout une foule d’anonymes. Des milliers et des milliers de noms, de fleurs, de croix, de statues, de mémoires.
J’aime bien cet endroit, car il y a de grands arbres qui font une ombre froide. On ne voit pas la mer, ici. Ce n’est pas insensé.