Il y a des images, en pagaïe, des flopées d’images, des milliers d’images, disponibles partout, des images assaillantes, lancinantes.
Lutter, lutter contre l’image, lutter contre l’écran, qui pousse à cran.
Crante et taraude.
Il y a cette image de toi avec cette amie à demi-nue. (Je la connais.)
Il y a cette image de toi avec cet homme indélicat. (Je ne le connais pas.)
Il y a cette image où tu ne souris pas | grave, le visage grave, grave de son faix
Il y a cette image où tu sembles te tordre de douleur (désir ?) à moins que ce ne soit de son débordement — de son | trop-plein.
Effusion, de ce qui ne peut plus être | retenu | reconnu comme soi intime, expulsé violemment | tout le désir — aimant.
Eh bien, il faut tenir.
Maintenir, maintenant, avec vigueur, avec précision et force, ne pas céder à | l’image.
Ebullition de l’image qui partout | inondation des images qui de toutes part | dégueulis d’images ici et là, et là, et là, là encore | surgissent.
Surgir, sortir par effraction, effraction du dehors, au dehors | Pénétrer le dehors | Se rendre visible et vu | Lisible et lu.
Ecorcher le réel de ce jet d’image, ce qui est projeté raye : raye la figure, raye l’écran, raye le douce ordonnance des choses. Ecorcher par le trait.
Tirer, trier, tracer, taire. Ce qui jaillit ce n’est pas | d’autre part, il en faudrait plus pour | ce qui jaillit n’est pas | ce qui serre.
Ne pas pleurer, ne pas pleurer, ne pas pleurer.
Il y a cette image avec cette amie nue. (Je ne la connais pas.)
Il y a cette image cet homme aimant. (Je le connais ?)
Il y a cette image où tu portes le masque de qui porte le masque de qui sait
Ce qui vient, sait. Ce qui se passe, dans le jet, le jailli, le jaillissement, c’est le su. Abondance de connaissance, soudaine captation du REEL, à cet instant — précis — tu sais tout.
Pire : tu apprends, tout, d’un coup, comme une crue | le verbe cruer | tu apprends tout le coup | tu es le coup, le coup de feu, le coup de pied, le coup de corps, le coup de trop.
Savoir c’est ne plus être innocent. Jouir c’est ne plus être nu. Simplement nu. C’est la déchirure. Savoir est déchirer.
Et lorsqu’ils se séparent (ils se déchirent) et que point le jour dans le reflet de la vitre, ils savent qu’ils ne sont plus seuls au monde. Ils savent que voici | LE REEL | ils savent qu’ils savent.
Les ombres apparaissent.
Les ombres les recouvrent.
Mon propos est donc de maintenir : tenir ce moment du maintenant.
Ita missa est :
- Minuscule requiem en fa dièse | 1. Introït
- Minuscule requiem en fa dièse | 2. Kyrie
- Minuscule requiem en fa dièse | 3. Sequentia (1)
- Minuscule requiem en fa dièse | 3. Sequentia (2)
- Minuscule requiem en fa dièse | 3. Sequentia (3)
- Minuscule requiem en fa dièse | 3. Sequentia (4)
- Minuscule requiem en fa dièse | 4. Offertorium
- Minuscule requiem en fa dièse | 5. Communio
- Minuscule requiem en fa dièse | 6. Absoute