Où l’on apprend que…
§ Cela finit toujours par • le goût âcre de son sperme.
§ En fait je n’en ai plus la force, et le laisse faire. Je sais qu’un jour viendra • où je serai libre. Où il n’aura plus cette autorité sur moi, qui lui permette de venir dans ma chambre, et m’empêcher de crier, de me verrouiller, ou de me défendre. Longtemps j’ai cru que c’était normal ; longtemps j’ai cru que c’était parce que j’avais mal agi. Je sais maintenant qu’il me tient. Il me tient parce que la honte, la honte me ravage.
§ J’ai honte. Je suis la honte. Je sais qu’un jour, le jour où je serai libre, je l’absoudrai. C’est lui le malade. Je le sais bien moi, qui bois jusqu’à la lie son essence même. Il faut voir comment il bande, sur ses petits pieds, comment il bande mou, qu’il ne parvient pas non plus à croire en ce qu’il fait. Il est grotesque, ce petit homme • et je ne suis pas de cet acabit. Depuis longtemps, nos relations se sont réduites à ce cirque, ce rituel, qui revient régulièrement, un soir maussade, un verre de trop, une solitude froissée. Depuis longtemps nos chemins sont séparés • d’aussi loin de moi que puisse être le goût âcre de son petit sperme • d’aussi loin de moi.