Où l’on apprend que…
§ J’ai ouvert quand ça a frappé tout doucement, et y’avait un type avec un sac à dos, qui souriait béatement. Je peux entrer, c’est pour un sondage, gna-gna-gna. Moi j’avais le temps, j’attendais un pote qui était grave en retard. Le type avait l’air sympa, mais aussi un peu bizarre. Il a cru bon d’ajouter Je ne vends rien Je ne demande rien.
§ Le temps qu’il installe sa bécane pourrie, j’ai pu l’observer à loisir. L’avait pas l’air en forme. Des blessures sur les avant-bras, et une petite atèle à deux doigts de la main gauche. Puis des yeux, petits, pointus, enfoncés dans son visage comme ceux des fouines ou des belettes. Il a commencé à me poser des tas de questions sur la politique, bien bien chiantes. Je trouvais étonnante la manière dont il parvenait à tourner les feuilles du petit dossier qui parfois comportait des listes de noms ou de réponses à certaines de ses questions. Et ce malgré la petite atèle. D’ailleurs ça ne le gênait pas pour saisir mes réponses. J’ai répondu sans trop y croire. Quand il m’a demandé Qui — selon moi — allait jouer un grand rôle dans les semaines ou les mois à venir, entre Roselyne Bachelot, Manuel Vals, et des tas d’autres connards, je n’ai pas pu m’empêcher de rigoler. Ça a dû se voir. Il me regardait d’un œil noir, quand je riais ou ironisais.
§ Quand il a fini, il a dit Je peux fumer — là j’ai su que ça n’était plus dans le cadre de son travail et qu’il n’était plus le même homme. C’est là que les problèmes ont commencé. Je lui ai d’abord demandé s’il voulait un café. Il a dit Non. Puis Finalement si. Oh et puis non. Il n’était pas à l’aise. Mais il fallait d’abord qu’il range son attirail.