J’ai rêvé que Jean Paulhan avouait sur un plateau télévisé qu’il avait créé de toutes pièces le personnage de Maurice Blanchot comme incarnation de tout ce que représentait la littérature d’après-guerre : personnage kafkaïen, ubiquiste et cantonné en permanence à une chambre d’écriture/ lecture (“une espèce de chambre d’écho”, disait-il). Oui c’était lui, et un petit comité d’écrivains triés sur le volet, qui avaient rédigé L’entretien infini, L’attente l’oubli ou La folie du jour. Si au départ il était quasiment seul, l’écriture est devenu de plus en plus collective au fil du temps, ce qui rendait la syntaxe (notamment) si singulière et l’emprise si importante. Nous étions dans le bureau de la rue ex-Sébastien Bottin. Il avait un gecko sur le revers de costume et trempait de temps en temps le bout de ses doigts dans un bocal d’eau verte.
Les textes
L’anonyme. Maurice Blanchot, Publie.net, 10 novembre 2020
ISBN numérique uniquement 978-2-37177-252-6 – 5,99€
Le revenant. Pascal Quignard, Publie.net, 10 novembre 2020
ISBN numérique uniquement 978-2-37177-253-3 – 5,99€
La littérature inquiète. Lire écrire, Publie.net, 10 novembre 2020
ISBN numérique 978-2-37177-243-4 – 5,99€
ISBN papier 978-2-37177-603-6 – 200p – 17€
Présentation sur ce site
Un cycle en plusieurs volets, le recueil de pratiques critiques étalées sur des années et cette formule évidente : la littérature inquiète.
Tout débute de deux essais monographiques, issus d’un travail académique, sur deux auteurs qui semblent incarner au mieux la formule, L’anonyme, sur Maurice Blanchot, paru en 2008 avec de nouvelles éditions en 2011 et 2020, et Le revenant, sur Pascal Quignard, paru en 2010 avec une nouvelle édition en 2020.
En 2011 on en était resté là, avec le désir, l’intention, le rêve, d’organiser leur rencontre, sur le champ de la littérature, de la critique littéraire. Entre-temps, j’ai écrit plusieurs essais, sur des auteurs contemporains que j’aime, et je les ai écrits dans l’idée de poursuivre cette rencontre. Manquait la rencontre.
Le premier confinement de 2020 l’a rendue possible. Je suis allé chercher un carton d’archive dans lequel se trouvaient le cahier de citations de la recherche ancienne (vingt années tout de même). J’ai relu tout ça. Relire m’a amené à reprendre les deux premières parties, les amender et les émonder à la marge, parce qu’en vingt années, les idées, les idéologies, changent.
J’ai replacé le cahier, les fiches, les notes, dans le carton d’archive. J’ai placé le carton d’archive dans le feu de la cheminée. Tout a brûlé. Dans la foulée, j’ai écrit deux textes, un pour chacune des monographies, qui serviraient d’aggiornamento, mais aussi de cliffhanger, si l’on veut : Quelque chose s’est passé & Quelqu’un bouge.
J’ai repris les livres, ceux des deux auteurs, et j’ai cherché ce que je cherchais : lire / écrire. Et j’ai trouvé lire / écrire. Le ring sont les pages 21 et 22 du troisième volume, qui paraît en 2020. Ce combat épuisé, tous les autres textes suivirent (la section « Lire »).
Un quatrième volume, Dans la dition, poursuit cette lecture écriture en se concentrant plus encore sur le thème de l’espace. Les textes de la section ‘lire’ déjà écrits sont indiqués ci-dessous ; les autres textes sont éparpillés ça et là, en constant remaniement, avec un aperçu global ici.
Les auteurs convoqués sont : Maurice Blanchot (I, III), Pascal Quignard (II, III) ; Jean Paulhan, Louis-René des Forêts. François Bon, Régis Jauffret, Vincent Descombes, Italo Calvino, Enrique Vila-Matas (III-1)). Emmanuel Delaplanche. Arno Bertina, Nicole Caligaris, Patrick Chatelier, Claro, Pierre Senges, Guillaume Vissac, Antoine Volodine (III-2)). Gao Xingjian, Vassili Golovanov, Sigismund Krzyzanowski, Henri Michaux, Tony Morisson, Claude Olier, Juan Rulfo, Bernard-Marie Koltès (IV-1). Mathieu Brosseau, Lucie Désaubliaux, Manuela Draeger, Antoine Emaz, Hélène Fréderick, Fred Griot, Jérémie Liron, Christophe Manon, Frédéric Mora, Anthony Poiraudeau, Philippe Rahmy, Lucie Taïeb (IV-2).
Quatrième
Livre hybride, entre lecture et écriture, essai osant parfois sa part de fiction, l’enquête de Benoît Vincent vise à sonder l’incertitude voire l’ambivalence dans la production contemporaine de ces dernières décennies. En un mot, l’inquiétude. Car la littérature inquiète, dans toutes les porosités des deux versants d’une même pièce : lire & écrire.
En marge des éclaircissements académiques généralement propres à la critique, La littérature inquiète se plonge dans les eaux profondes, supposément obscures, des écritures d’aujourd’hui, en traversant entre autres les territoires d’Arno Bertina, François Bon, Nicole Caligaris, Italo Calvino, Patrick Chatelier, Claro, Emmanuel Delaplanche, Régis Jauffret, Pierre Senges, Enrique Vila-Matas, Guillaume Vissac ou Antoine Volodine. Le tout sous les figures tutélaires que sont Paulhan, Blanchot, des Forêts et Quignard.