J’ai dit souvent qu’on aborde le monde qui nous entoure de trois manières : par les sens (mon corps de vivant), par la pensée (mon rationnel), par la mémoire (mon social),
Je reviens sur cette proposition.
Au centre de tout ce qui est il y a EGO, le sujet. Dans mon expérience, il est primordial qu’il y ait un sujet et donc un non-sujet (qu’on l’appelle objet ou dehors, cela change peu la quetsion) ; pérsupposer l’existence du sujet engage l’existence d’une relation entre le sujet et n’importe quel autre chose, sujet, ou autre. Mon expérience m’engage à considérer que — sauf désir ou élucubration — mon fardeau est d’être cette conscience fichée dans ce cœur, « dispositif » que j’ai à vie, dont je ne peux me défaire, sauf constructions passagères, et qui me donne à vivre le monde.
Le monde est le dehors et le dedans, il est limité et mon inscription en lui est toujours coordonnée (mon être est d’un espace et d’un temps précis). Mon évolution dans le monde, et dans la porosité entre dehors et dedans, est motivée par une sensation physique et psychique fondamentale, appétence.
Une forme singulière du désir ou de la faim, l’appétence est le moteur vivant qui me pousse à me lever le matin, à me nourrir et entretenir, à vivre en bonne intelligence avec autrui, et, en dernier recours, à préparer une bonne mort.
Mais pour revenir à la triade initiale : imaginons un schéma au centre duquel de plage EGO, le sujet.
EGO | ||
chose | mot | idée |
Les trois explorations du monde, par l’idée, la chose ou le mot, fondent les grands mouvements d’approche, les trois affordances.
EGO | ||
chose | mot | idée |
corps animal | corps conceptuel | corps social |
Schéma auquel on peut ajouter les trois modalités du sujet, puis les trois interactions fondamentales.
EGO | ||
chose | mot | idée |
corps animal | corps conceptuel | corps social |
récept | concept | percept |
infect | effect | affect |
Mais ces trois orientations dans l’exploration peuvent être contemporaines, ou marcher deux à deux. A chacun d’elle correspond un état d’âme, si l’on veut, une prédisposition favorisant des domaines de recherche dans l’ordre du savoir.
Ce ne sont pas des strates qui s’accumulent, mais des tissus qui s’articulent, poreux les uns aux autres.
EGO | ||
chose | mot | idée |
corps animal | corps conceptuel | corps social |
récept | concept | percept |
infect | intellect | affect |
clinique : mathématiques, sciences physiques et naturelles, médecine | critique : sciences sociales et humaines, droit, politique | sacré, philosophie métaphysique, art |
Il faut se représenter cet ensemble comme un ensemble de cercles concentriques, EGO dans le plus central, les trois secteurs fondamentaux, et l’ensemble des discours émanant en chacun d’eaux, avec des échanges aussi bien entre les secteurs, qu’entre les cercles concentriques (les orbites).
On comprendra aisément que les mathématiques (la mathesis) sont poreuses à la musique, par exemple, tandis que l’est le sacré à la science politique et, de l’autre côté, une science sociale comme l’ethnologie, par exemple, l’est à la médecine.
En outre chaque secteur du savoir possède son histoire (épistémè), son cadre théorique (clinique), son application pratique (technique), ainsi que sa critique, de sorte qu’au moins quatre manières d’exercer sont possibles dans chacun des trois secteurs.